Le modèle anglais tant vanté...

Publié le par cc jung in effect

Avez-vous remarqué que les débats relatifs aux problèmes économiques de notre pays à bout de souffle après cinq années d’excellence UMP, finissent immanquablement par faire un détour par l’Angleterre ? Et chacun de se pâmer devant les chiffres étourdissants de l’économie britannique tout en louant la dextérité de Tony Blair et de son « miracle » de société revitalisée. Comme souvent lorsqu’il s’agit d’intoxiquer et de préparer l’opinion pour un recadrage si ardemment souhaité par le MEDEF, nos experts se gardent bien de montrer l’autre facette de la médaille en chocolat de Blair par ailleurs complètement déconsidéré par son propre peuple. Il n’y a pas plus de miracle anglais que de baisse du chômage vertigineuse en France, juste une imposture de plus pour nous refourguer encore et toujours, la jungle du capitalisme sauvage à la mode US pour le seul bénéfice d’une caste consanguine à l’état RPR, celle des capitaines d’industrie. USA… Voilà un pays magique si cher à Nicolas Sarkozy, une nation où ceux qui ont les bons gènes, la bonne couleur et le bon pedigree sont appelés à s’enrichir encore et toujours au détriment d’une immense majorité. Un modèle de société à suivre d’urgence en somme.
 
 
Le fameux modèle anglais… Voilà bien le refrain préféré de tous nos spécialistes en croissance mirobolante, en solutions miracles et en remèdes de cheval. Voilà la ballade que l’on nous susurre à longueur d’émissions radiophoniques ou télévisées. La perfide Albion est donc devenue le modèle déposé du renouveau capitaliste sous la férule d’un Tony Blair que l’opinion publique anglaise a pourtant jeté aux orties depuis belle lurette (lien Contre Info). Cherchez l’erreur et les imposteurs… Les propagandistes zélés de l’ultra libéralisme, ces termites appliquées qui rongent le bon sens et la réflexion de chacun et qui pullulent dans les médias (propriétés de grands conglomérats, ceci expliquant cela…), ne jurent que par le « miracle économique anglais ». Ils entonnent mécaniquement, à chaque « débat », le couplet à l’accent « british » comme autant de boites à musique bien réglées. Il y a bien quelques variations sur le même thème, une délocalisation d’exemples en quelque sorte puisque l’on vante également le modèle danois, le modèle suédois, le modèle américain et tutti quanti.
 
Bien entendu, cette valorisation du modèle anglais est un cache-nez de l’ultra libéralisme et du capitalisme sauvage (le Nouvel ordre mondial, voir ressources du site) et une manœuvre savamment coordonnée pour faire passer dans l’opinion certaines couleuvres qui s’apparentent plus à des vipères heurtantes quand on regarde les choses de plus près. Lorsqu’il s’agit de mettre en évidence un « exemple », les spécialistes sont priés de faire preuve d’intransigeance, d’honnêteté et de transparence pour vanter les mérites de l’objet d’adoration béate. Ce que se gardent bien de faire nos VRP du capitalisme destructeur…
 
Le fameux « modèle anglais » tout comme les autres exemples agités comme des fioles miraculeuses par nos Colin Powell de circonstance, est une imposture de plus et un leitmotiv trafiqué. Une habitude chez nos experts…en communication. Nos vendeurs nous montrent la rutilante carrosserie tout de chromes et d’éclats de soleil (le chiffre du chômage en Angleterre oscille entre 3 et 4 %) sans jamais soulever le capot pour admirer le pâle moteur qui baigne dans un cambouis malodorant. Quel modèle anglais ? Celui où plus de 14 millions de personnes bénéficient d’une assistance de l’état pour survivre ? Celui où plus de 4 millions de travailleurs sont classés dans la catégorie « handicapés » pour disparaître des statistiques de l’emploi (lien l'Expansion) et afficher un chiffre miraculeux ? Cet îlot de prospérité au milieu d’une Europe chafouine, c’est bien ce pays où 43 % des sondés estiment que leur niveau de vie a chuté ? C’est bien ce pays où les disparités et les inégalités n’ont jamais été aussi criantes, cette contrée merveilleuse où un sondage récent de la BBC indiquait que 13 % des Anglais envisageaient de quitter rapidement le pays et que 54 % des personnes interrogées souhaitaient ou espéraient émigrer (lien Contre Info) ? Curieux paradoxe quand même…
 
 

Désintégration

Répondre aux desiderata du capitalisme triomphant et aux appétits pantagruéliques des fonds spéculatifs
 
 
La réalité du « miracle anglais » est un savant mélange de statistiques bidouillées par l’as de la communication, Tony Blair (un autre modèle de Sarkozy), de déréglementation totale du travail, de privatisation forcée du service public et de casse sociale méthodique. En Angleterre, on peut travailler 24 h sur 24 si l’on tient le coup (travailler plus pour gagner… à peine, cela vous rappelle sans doute une petite musique), il n’y a pas de salaire minimum, le système d’indemnisation des chômeurs est draconien et les protections sociales sont réduites au minimum. Pour s’en sortir, de trop nombreux Anglais sont obligés de cumuler plusieurs emplois, de rogner sur leur temps de récupération, de jongler avec leur santé et leur hygiène de vie. Dans un système où il n’y a plus de règles et de cadre pour garantir un semblant de code et d’éthique du travail, les patrons ne se gênent pas pour tirer par le bas la valeur travail au dépend de l’immense majorité des employés. Il y a du travail outre-manche mais à quel prix et pour quel salaire… Il fait d’ailleurs tellement bon vivre là-bas que le sport national est redevenu la beuverie collective pour oublier le temps d’un week-end ou d’une pause, les délices du « miracle économique anglais ». Cette « mise en conformité » de la société anglaise pour répondre aux desiderata du capitalisme triomphant et aux appétits pantagruéliques des fonds spéculatifs opérée par le tonitruant Blair, n’est finalement que la suite logique d’un démantèlement social qui s'est mis en branle sous le règne de la Dame de fer, Margaret Thatcher (lien L’Humanité).
 

Fusion

 
L’inégalité des richesses aux USA vient d’atteindre des sommets
 
 
L’Angleterre est effectivement devenue, lentement mais sûrement, un peu d’Amérique au cœur du continent européen puisque ce modèle de société où règnent à la fois la dérégulation du marché du travail, une inégalité sociale de plus en plus marquée et la fin de toute notion même de service public se calque sur le modèle sociétal des…USA. Le modèle anglais serait donc une manière polie, masquée et sournoise de nous vendre de l’american way of life sous le manteau, tout simplement. Si l’on en croit les chiffres réjouissants publiés par De Defensa (lien), l’inégalité des richesses aux USA vient d’atteindre des sommets qui évoquent la joyeuse époque de la Grande dépression au moment même, suprême ironie du libéralisme, où la croissance mondiale se porte à merveille (lien Le Monde). Voilà un étourdissant raccourci du système dans toute sa splendeur. Un capitalisme qui est symbolisé à merveille par les USA, une nation détraquée où il fait si bon y vivre comme en témoignent les liens du jour (liens Libération - AP - AFP).
 
La fameuse crise qui sert à nous faire avaler tout et n’importe quoi est un mirage pratique tout comme le « modèle anglais » est une imposture, le « modèle suédois » et autres exemplarités nordiques sont incomparables du fait d’une situation démographique, sociale et politiques propres à ces nations. Alors, quand le sémillant Nicolas Sarkozy nous vante du mirage économique anglais avec des étoiles plein les yeux, sachez que c’est à la sauce américaine que vous allez être mangés, celle où le système de sécurité sociale, de retraite, d’indemnisation du chômage, du droit des travailleurs et de syndicalisme et autres déviations gauchisantes ne sont plus que de lointains souvenirs. Bienvenue dans la jungle où la seule devise reste : « que le plus fort gagne plus ». Il ne s’agit pas de « travailler plus pour gagner plus » puisque cette maxime perverse omet de signaler que c’est l’entreprise qui décide du temps de travail et que son leitmotiv serait plutôt de…faire travailler plus tout en…payant moins.
 
Comme l’indique l’excellent démographe Emmanuel Todd, “Sarkozy, c’est l’élu de Neuilly, à l’origine. C’est l’homme des riches. C’est un type qui promet d’être dur avec les faibles, qui ne croit pas en l’égalité (lien Contre Info). Et dire que le meilleur candidat du Medef (lien Libération) ose se présenter comme l’héritier de Blum et de Jaurès. On en est pas à une imposture près me direz-vous puisque le plus atlantiste de nos candidats, celui que la seule vue de George Bush fait léviter de bonheur, vient de se recueillir pompeusement sur la tombe de… De Gaulle, l’homme qui s’était insurgé contre la mainmise américaine sur l’Europe et la France en particulier (Lien Le Monde). Il ne nous aura rien épargné l’homme d’images qui phagocyte tout le patrimoine national sans publier le sien, de patrimoine…
 

Confusion

 
La prime à la casserole est de rigueur
 
A part cela ? Le Medef qui est désormais incarné par la patronne de l’IFOP, Laurence Parisot, celle qui a le mérite de succéder au Baron Seillière un peu trop caricatural, ne voit pas matière à chicaner dans le parachute doré de Noël Forgeard (liens). Plus de 10 000 emplois sont supprimés à Airbus mais depuis l’instauration du tout puissant état RPR – UMP, la prime à la casserole est de rigueur (lien ressources du site). Alors, c’est ainsi, les riches sont faits pour être plus riches et les pauvres pour devenir plus pauvres dirons nous pour pasticher Gérard Oury et sa « folie de grandeurs ». Et puis tout va bien après tout, le CAC 40 flambe, le chômage en France s’évapore comme le lac Tchad et la mer d’Aral, la Bourse est au plus haut, les actionnaires se frottent les mains (liens), la Santé publique se privatise inéluctablement (lien sur le rapport IGAS), les maillons faibles de l’entreprise s’autodétruisent par manque de gènes compétitifs et résistants à la pression, une sorte de sélection naturelle (lien) et autant de bonnes nouvelles récoltées dans l’actualité.
 
Autre chose ? Barroso attend impatiemment l’élection de son ami Nicolas S puisque le traité de constitution européenne passera aisément par les tuyaux d’un parlement fantôme pour… mieux respecter la volonté populaire et la démocratie si son candidat accède à l’investiture suprême. C’est cela la « démocratie irréprochable » prônée par Monsieur Sarkozy, pas de référendum à disposition de ce peuple frondeur mais des lois votées dans les coursives feutrées de l’Assemblée nationale réputée pour son indépendance et sa pugnacité à défendre la voix du peuple. Quant à Paul Wolfowitz au cœur d’un scandale, il n’y a rien à dire de plus, les délinquants en col blanc sont de respectables racailles qu’il convient de saluer bien bas à l’heure où leur cynique philosophie de vie triomphe un peu partout dans le monde. Voilà un modèle respectable tout comme Messieurs Balkany, Bédier, Pasqua et autre Juppé représentent l’excellence à la française.
 

 
 
 
 
 
La phrase du jour :
 
« "Chirac, lui, a le souci des autres, de l’homme. Sarkozy écrase tout sur son passage. Si les Français savaient vraiment qui il est, il n’y en a pas 5 % qui voteraient pour lui." »
 
François Goulard, ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la Recherche.
 
Liens :
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La "divine surprise" pour les Néo-cons n'en était pas une alors ? On nous aurait menti ?
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Nouvel acte de censure pré-électoral ("Ruptures", de Serge Portelli - Bellaciao)
 
Le livre de Serge PORTELLI "Ruptures" vient d’être empêché de publication avant les élections. Cet ouvrage concerne le bilan de Nicolas Sarkozy.
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Ce n’est que la suite d’une longue liste de censures effectives pour l’apôtre de la « démocratie irréprochable ». Heureusement, internet (le média « hors la loi » comme le surnomme  Sarkozy) existe encore même si divers projets pour contrôler ce canal d'informations sont déjà fin prêts du côté de l’UMP… Téléchargez le livre en format PDF…  Ruptures, Serge Portelli - 600ko (PDF)
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La dictature de la croissance aveugle - par Damien Millet (Mondialisation)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
Ressources du site :
 
 
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CC Jung
 

Publié dans Omegactualité

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