L'impact désastreux de la PNAC

Publié le par cc jung in effect

Pour parfaire l’article précédent consacré à l’Empire et ses succursales (le Nouvel Ogre mondial), Omegapha s’est intéressé aux fondements idéologiques de l’imposture impériale qui sont exposés dans le rapport « Rebuilding America's Defenses », le véritable socle stratégique de l’administration Bush et de ses « faucons ». Il était question d’asseoir la domination américaine sur le monde à la faveur d’un évènement de type « Pearl Harbor » et de remodeler entièrement le tout à sa convenance et dans le sens des intérêts du complexe militaro-industriel. Mais l’aventure a tourné court dès le premier pas irakien et le « chaos constructif » patiemment élaboré en coulisses, est en train de virer au chaos tout simplement. Ce qui n’empêche pourtant pas certains « penseurs » et hommes politiques européens de revendiquer une filiation directe avec ce courant idéologique dévastateur au moment même ou celui-ci jette sans doute ses dernières lueurs malfaisantes.
 
 
L’Empire du Bien a vécu. On est en train de s’éloigner doucettement des effluves fascistes qui empestaient il y a peu, de la propagande massive en continu et de la compassion post-11 septembre 2001. Ce jour-là, les tours jumelles s’écroulaient et le monde assistait alors, incrédule, à une sorte de déclaration de guerre et de coup d’éclat en direct sur tous les écrans du monde globalisé. Personne ne pouvait imaginer que les instigateurs des attentats se nichaient au cœur même du complexe militaro-industriel, celui-là même qui s’est depuis emparé du pouvoir aux USA en décrétant une guerre perpétuelle face à un ennemi imaginaire, imaginé et imaginatif (Al Quaeda), un leurre utile pour mettre en place les fondations d’une junte militaire à peine camouflée (lien Horizons et débats). Un scénario directement inspiré des noires ruminations de George Orwell et de son « 1984 ».
 
Le pari était audacieux et surtout théorisé depuis belle lurette par les « faucons », le bras armé des multinationales, des lobbys divers, du capitalisme sauvage et du colonialisme prédateur. Il suffisait d’attendre l’effondrement de la superpuissance miroir, l’URSS, pour sonner la curée et l’hallali et permettre l’édification du grand rêve, celui d’une Amérique triomphante et impériale agissant en démiurge absolu. Baptisé pompeusement « the New Citizenship Project », le PNAC (Projet pour le Nouveau Siècle Américain) attendait dans les coulisses depuis un long moment l’opportunité que pouvait représenter un épisode marquant de type « Pearl Harbor » pour déployer ses ailes et refermer ses serres pointues sur la planète. Divine surprise, c’est exactement ce qui s’est produit avec les attentats du 11 septembre qui ont secoué durablement le monde et traumatisé l’opinion publique, permettant du coup, la glorieuse mise en route du PNAC que les adeptes de la propagande grossière avaient transformé en une appellation doucereuse et manichéenne, soit le fameux « Empire du Bien »…
 
Le casting impérial en dit long sur les protagonistes puisque ces conspirateurs nous sont devenus familiers depuis : « William Kristol (président du PNAC), Donald Rumsfeld (ancien secrétaire à la Défense), Paul Wolfowitz (président de la Banque Mondiale), Jeb Bush (frère de George W. Bush et gouverneur de Floride), Richard Perle, Richard Armitage, Dick Cheney (vice-président des États-Unis), Lewis Libby (le protagoniste principal de l’affaire Plame, lien AP), William J. Bennett, Zalmay Khalilzad (ambassadeur des États-Unis en Irak), et Ellen Bork (femme du juge Robert Bork) » et George Bush en guest star cabotine (lien Wikipédia). Voilà les joyeux plaisantins qui ont théorisé la domination totale de la planète par le glaive, la soumission et les intrigues, un projet écrit noir sur blanc dans le rapport « Rebuilding America's Defenses (Reconstruire les défenses de l'Amérique) » qui est disponible au format PDF sur le site « Questions Critiques ».
 
Ceci est le nouveau Mein Kampf. La seule différence est que Hitler n'avait pas d'armes nucléaires. C'est le document le plus effrayant que j'ai jamais lu dans ma vie. » a jugé l’honorable Docteur Helen Caldicott, une militante pacifiste mondialement connue et souvent citée pour recevoir le prix Nobel pour la Paix (lien Wikipedia). Et dire que la communication nous a servi de « l’Empire du…Bien » jusqu’à plus soif pour mieux faire passer le poison amer. L’imposture a perduré tant bien que mal, bien épaulée par les relais complaisants que sont devenus les médias occidentaux, l’industrie du cinéma, la vague politique des populistes et l’émergence logique de l’extrême droite dans la foulée des attentats attribués aux méchants étrangers de l’axe du Mal.
 
 

Un nouveau Pearl Harbor était jugé nécessaire...

 
 
La voix de l’Amérique est discréditée et ridiculisée
 
 
Un conte pour enfants que tentent toujours de nous refourguer en France de brillants philosophes (Finkielkraut, Glucksmann, Bruckner), des « atlantistes » acharnés (Pierre Lelouche, Alain Madelin, députés de l’UMP, un parti… gaulliste, cherchez l’erreur), des journalistes objectifs (Alexandre Adler et Yvon Rioufol du Figaro) et un candidat à la Présidentielle, Nicolas Sarkozy. Voilà une curieuse et bien servile attitude au moment même où les « Néo-conservateurs » du Pentagone ne font plus vraiment recette et que l’opinion publique américaine est redescendue sur terre après des années de déferlement propagandiste et de décervelage.
 
L’Empire du Bien vit confusément ses dernières heures et l’agonie interminable promet quelques râles souffreteux et quelques convulsions spectaculaires. Comment interpréter autrement cette extravagante et hystérique campagne contre le régime iranien sinon comme une ultime tentative de bluff pour continuer à peser sur la politique internationale alors que la voix de l’Amérique est discréditée et ridiculisée par tous, alliés et ennemis ? Il est question de bombardement nucléaire sur les centrales nucléaires iraniennes en construction pour éviter… la prolifération nucléaire (lien Voltaire) même si tous les experts consultés s’accordent sur le fait que ce projet dément serait catastrophique (lien Le Monde) et que la pression mise sur le régime des Mollahs incite justement ces derniers, à se doter d’un parapluie dissuasif (lien AP).
 
Comment interpréter également ces gesticulations stratégiques à propos de l’installation d’un bouclier anti-missiles en Pologne (lien Figaro) et ce déni des accords de démilitarisation (lien sur les nouvelles ogives nucléaires, AP) si ce n’est comme une tentative désespérée du Pentagone pour remettre en scelle la guerre froide maintenant que les chimères d’Al Quaeda et autres se dissipent lentement ? Les entreprises du complexe militaro-industriel ont grassement prospéré sur la stratégie de tension et celle de la menace depuis des décennies et elles ne peuvent se permettrent de relâcher la pression. La guerre au terrorisme se meure, vive la nouvelle Guerre Froide et les budgets faramineux qui vont avec ! Peu importe que le nombre des bénéficiaires de l’aide sociale aux USA atteigne des sommets (lien AP) et que le chiffre des sans-abri s’approche du million de citoyens américains (lien AP), la stratégie de la peur et de la paranoïa d’état se doit de perdurer pour permettre l’édification du Projet pour le Nouveau Siècle Américain pensent les retors concepteurs qui ne voient pas le monde de façade qui se liquéfie chaque jour un peu plus.
 

Le nouvel Empire...

 
 
La menace d’une démission collective des généraux et amiraux US
 
 
 
Ils feignent de ne pas entendre les avertissements répétés de leur propre état-major qui refuse désormais de cautionner cet aventurisme sanglant et déconnecté du réel. C’est l’US Navy qui fait savoir qu’elle refuse de servir les intérêts partisans de l’administration Bush alliée à celle d’Ehud Olmert dans la crise avec l’Iran (De Defensa). Pas moins de cinq généraux et amiraux ont d’ores et déjà menacé la Maison-Blanche de démission collective en cas de coup de force contre la nation perse (De Defensa). A juste titre, le citoyen américain de base et les opposants (majorité démocrate, intelligentsia, artistes) considèrent désormais que les folies stratégiques de Bush ont conduit l’Empire au bord du gouffre, suscitant de surcroît l’opprobre du monde entier tout en accroissant considérablement la tension au Moyen-Orient. Le « chaos constructif » n’a rien donné jusque là si ce n’est plus de chaos et de sang comme en témoigne la purulente situation en Irak (liens).
 
Voilà un pays démembré, défiguré et déchiqueté par une violence endémique, une guerre civile déclarée et par le terrorisme alors que le prétexte même de l’intervention était officiellement celui des armes de destruction massive de Saddam puis la lutte contre le…terrorisme. Il convient cependant de nuancer l’analyse en sachant que le démembrement de l’Irak fait partie des ambitions cachées de l’administration Bush et des compagnies pétrolières amies depuis le début de l’intervention. Il a même un nom, le « plan Perle », du nom du très influent Richard Perle, un des fondateurs du… PNAC (Projet pour le Nouveau Siècle Américain) cité plus haut. Un article publié par le site le Grand soir et que l’on doit a Guiliana Sgrena (Il Manifesto) dit sensiblement la même chose en élargissant encore l’analyse à une plus grande échelle régionale (lien). C’est à peu près la seule « réussite » dans le plan prévu mais à quel prix puisque le chiffre des pertes humaines en Irak est effroyable (plus de 650 000 civils tués en trois années d’occupation selon les ONG) et que ces comploteurs méritent plus une comparution immédiate devant le tribunal pénal international pour conspiration et crimes de guerre qu’une médaille ou des stock-options offertes par les compagnies Halliburton, KBR et Exxon.
 
Peu de chance d’assister à une telle péripétie puisque l’Amérique ne reconnaît aucune de ces instances internationales habilitées à juger les violations du droit et se retrouve donc au dessus des lois… De la même manière l’Empire du Bien est revenu sur tous les accords conclus avec la Russie pour la démilitarisation et la dénucléarisation des arsenaux, refuse de signer les accords sur les sous-munitions (mines – clusters-bombs), sur l’utilisation d’armes prohibées (phosphore, armes expérimentales utilisées en Irak, bombes à effet de souffle,etc ) et se permet le luxe de rejeter l’accord de Kyoto portant sur la pollution et le réchauffement climatique. Un luxe bien dispendieux pour notre planète puisque les USA sont le premier pays pollueur avec plus de 25% des émanations à son actif et que cet état vertueux et admirable refuse de freiner sa production de gaz nocifs pour l’atmosphère (lien Reuters). Voilà le fameux modèle de société qui émerveille notre futur président de la République, Nicolas Sarkozy « l’américain »…
 
 

L'exécuteur principal des basses manoeuvres...

 
 
Un coup de pouce fort appréciable pour l’extrême droite en Europe
 
 
 
Que reste-t-il donc au final du Projet pour le Nouveau Siècle Américain si ce n’est des scènes de carnages en Irak, au Liban, en Somalie et en Afghanistan (liens), une tension permanente entretenue sur bien des fronts, un boulevard pour la rhétorique extrémiste des fondamentalistes musulmans et le recrutement des terroristes, un coup de pouce fort appréciable pour l’extrême droite en Europe avec le concept sournois du « choc des civilisations », un coup de fouet pour l’Eglise catholique décatie mais promue religion salvatrice pour les nouveaux croisés de l’Empire et une totale liberté d’action pour les extrémistes belliqueux et affairistes qui gouvernent Israël et qui continuent leur prédation carnassière et meurtrière dans leur zone d’influence (liens). On notera au passage le prodigieux silence et l’absence de rébellion d’une Europe noyautée par les gouvernements « néoconservateurs » et des vassaux complaisants (Blair, Merkel, Berlusconi, Aznar), les réseaux atlantistes et les intérêts bien compris des multinationales qui échappent à la notion de frontières et d’état mais pas à celle du profit.
 
Le nouveau siècle américain tout comme le troisième Reich hitlérien qui devait durer mille ans, n’a pas fait long feu mais a réussi quand même à embraser le monde en quelques années à peine. Il est temps que l’imposture fasciste périclite et que les peuples du monde qui subissent les avanies des apprentis sorciers du Pentagone prennent leur destin en main. En commençant par balayer devant leur porte par exemple… Le tigre de papier qui se voulait ogre et empereur de la jungle planétaire est déjà transformé en boulette de papier édentée. Il ne reste plus qu’à le jeter dans les poubelles de l’histoire pour en finir.
 
 

 
 
Liens :
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
(…) Nous avons longtemps été méprisés dans le monde à cause de notre manque de culture, et il est peut-être peu surprenant que nous ayons facilité le vol à grande échelle de certains des trésors culturels anciens de la civilisation en Irak, ou que nous ayons participé à la désintégration par la guerre aérienne d’une autre culture ancienne de la Méditerranée au Liban. Pendant se temps, les libéraux parlent et se moquent de la manière dont les Arabes traitent les femmes, empêchés peut-être par leur « malaise » de mettre un terme à cet holocauste à venir contre l’Iran. La classe moyenne américaine (ne dites pas ‘bourgeoisie’ sinon vous serez traité de communiste) semble se complaire dans ce tremblement ; et pourtant elle détient la richesse et le pouvoir nécessaires pour imposer un changement à la politique américaine (…)
 
L’écrivain américain, Daniel Patrick Welch
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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CC Jung

Publié dans L'Empire du Bien

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