L'Empire en pleine confusion (1)

Publié le par cc jung in effect

Omegalpha a choisi de délaisser un moment les paillettes de la communication du Sarko Circus pour se pencher sur les déboires de l’empire qui fascine si puissamment notre président maréchal fondateur et gourou national. Il faut dire, hélas, qu’il vient de faire la jonction au plus mauvais moment pour les agapes nuptiales. L’Empire ne sait en effet plus trop à quel saint se vouer et commence à douter de sa mission messianique à la sauce Hollywood. Non seulement les nouvelles sont mauvaises sur le front irakien mais la machine propagandiste commence à montrer de sérieux signes de faiblesse tandis qu’une sourde fronde nous parvient des coulisses. Autant de nouvelles frémissantes et copieuses que nous développerons en deux parties, la première s’appuyant sur un examen attentif de cette société américaine érigée en modèle vers lequel il faut tendre nous dit-on tandis que la seconde s’attardera sur l’Irak, le retour de Ben Laden et toute la joyeuse troupe loufoque.
 
Bien sûr, Omegalpha pourrait évoquer les dernières facéties du Sarko Circus, le dérèglement climatique que les imposteurs n’arrivent plus à masquer, repartir faire un saut dans la folie du grand Nord ou traiter toutes ces étonnantes nouvelles qui passent trop souvent à la trappe dans l’actualité ronronnante. Ce n’est pas l’envie qui manque mais l’Empire s’est à nouveau imposé dans l’actualité comme une évidence  incontournable qui résume finalement assez bien tous les autres sujets qu’elle englobe de facto. La marche du monde qui s’apparente plus au pas hésitant d’un ivrogne qu’à un grand bond en avant, est en effet rythmée par la parade impériale qui fait bien pâle figure ces derniers temps. Il faut dire que le gigantesque plan de domination mondiale (PNAC, voir ressources du site) que tant d’instituts et de cercles avaient théorisé pendant des décennies, s’est révélé être un incommensurable gâchis, une fantaisie ensanglantée et une prétention hors de portée d’un cénacle de médiocres affairistes, d’illuminés farfelus et de faucons aux serres poisseuses. L’Empire doute comme frappé soudainement d’aboulie, sonné qu’il est par la réalité qui refait surface, celle qu’il avait si consciencieusement masqué au moyen de tant d’artifices sémantiques, de novlang et de mauvaise foi.
 
C’est le quotidien Libération qui tire la première salve en consacrant un passionnant article à cette Amérique qui regarde sa bannière s’étioler : « On est en effet loin de l’omnipotence américaine de la dernière décennie, lorsqu’en 1992 George H. Bush (le père) déclarait qu’ «un monde autrefois divisé en deux camps armés ne reconnaît maintenant qu’une seule puissance prééminente, les Etats-Unis d’Amérique». «Et il nous regarde sans crainte, car le monde nous fait confiance […], car il sait que ce que nous faisons est juste», ajoutait-il. Loin aussi, la suprématie encore fièrement affichée en 2002 par son fils, George W. Bush, qui affirmait que « les Etats-Unis se trouvent dans une position de force militaire sans précédent, alliée à une grande influence politique et économique .» (lien Libération). On est loin du canevas habituel des scénarios pondus à la chaîne par la machine de propagande hollywoodienne où le héros « made in US » triomphe toujours des affreux méchants.
 
La super puissance dominante a fait étalage… de ses limites, de ses failles et de ses contradictions permanentes entre le velouté d’un discours démagogique et manichéen et la réalité des bombes au phosphore de Falloujah, le joyeux happening d’Abou Graïb, le million de civils tués en Irak et le bal costumé de Guantanamo. Dans cette même édition, Libération donnait la parole à Peter Beinart (expert en politique étrangère à Washington) qui résume très bien les dommages collatéraux du fiasco irakien et l’erreur de casting planétaire : « La puissance militaire américaine, si elle demeure indiscutable dans le domaine de la guerre conventionnelle, s’est révélée incapable d’apporter la stabilité à l’Irak », « (…) C’était une sorte d’aberration historique. L’empire soviétique venait de s’effondrer, le Japon et l’Allemagne étaient en récession, tandis que l’Inde et la Chine amorçaient à peine leur essor. Les Etats-Unis étaient forts car presque toutes les grandes puissances étaient faibles ». Une aberration historique que cet empire par accident ou par défaut, le propos est rude mais lucide.
 

Confusion

 
 
Un concentré toxique des méfaits de l’ultra libéralisme
 
 
Difficile en effet de s’enthousiasmer sur le modèle américain (qui fait rêver notre nouveau petit mais génial Timonier…) tant l’american way of life ressemble parfois à un cauchemar de modernité et un concentré toxique des méfaits de l’ultra libéralisme érigé en dogme sociétal. Voilà un empire qui devait illuminer le monde comme son emblématique statue de la Liberté mais qui plonge la planète entière dans un brouillard ténébreux et glauque à la forte odeur de poudre, de pétrole et de sang frais. Et puis quelle emblématique référence que ces USA qui comptent 36,5 millions de pauvres et près de 47 millions de citoyens sans couverture médicale (lien AFP – Yahoo) comme le dénonce très justement Michael Moore dans son dernier opus, « Sicko ». Un pays où règne l’inégalité sociale et raciale et la paranoïa comme en témoigne ce chiffre hallucinant d’une proportion de 90 armes pour 100 habitants, un record absolu (lien Reuters – Yahoo). Quand c’est la loi de la jungle qui est de mise, il est en effet préférable d’affûter ses crocs et d’effiler ses griffes…
 
Drôle de société quand même que celle que nous vendent les chantres du capitalisme sauvage et les nantis du haut de leurs luxueuses tours climatisées et protégées. Un endroit où il fait si bon vivre que « le taux de suicides chez les jeunes adolescentes américaines âgées de 10 à 14 ans a fait un bond de 76% et de 8% en général pour les jeunes de 10 à 24 ans, la plus forte hausse en 15 ans» (Lien fil info Figaro). Voilà une génération dépressive qui a sans doute trop consommé cette merveilleuse boite à images qui évite de penser, la télévision… Une télé poubelle où « les enfants sont assaillis d'images violentes ou à caractère sexuel toutes les 3,5 minutes aux heures de grande écoute à la télévision américaine, affirme l'étude d'une organisation parentale, le Parents Television Council (PTC). ». Fox, la chaîne de télé du groupe Murdoch qui y vend ses guerres préventives et son intoxication à haute dose, est au dessus du lot : « la pire des chaînes de ce point de vue est Fox, notamment pour la violence, affirme le PTC qui assure qu'avec 20,58 occurrences d'images violentes ou sexuelles, le grand réseau américain fait deux fois pire que ses rivaux. » (Lien fil info Figaro). L’empire applique la bonne vieille recette de gouvernance : du pain, des jeux et du cirque mais ce ne sont plus les chrétiens que l’on jette aux lions mais les musulmans, assez loin cependant pour ne pas être éclaboussé (Irak, Afghanistan, Liban)…
 
Drôle de société encore que celle qui a laissé se noyer des centaines de pauvres malheureux souvent noirs (1330 morts) pendant l’épisode du cyclone Katrina (fin août 2005) et qui ne s’en soucie guère depuis (lien Figaro) tandis que la machine à tuer légale se montre d’une exceptionnelle efficacité avec la même catégorie sociale : le Texas vient d’exécuter son 400e condamné dans l’indifférence générale (lien Figaro)… Drôle de contrée avec son culte du billet vert et de la richesse (in gold we trust ?), ses « impasteurs » et ses télé-évangélistes de pacotille qui disposent d’une oreille attentive à la Maison Blanche et qui multiplient les frasques... sexuelles (lien sur le « moraliste » sénateur de l’Idaho pris en flagrant délit de drague homosexuelle dans les…toilettes de l’aéroport de Minneapolis, Nouvel Obs). Voilà assurément un pays étonnant où tout est déjà possible puisqu’un cercle d’amis milliardaires de Bush assure désormais la logistique propagandiste après le départ de la tête pensante du président, Karl Rove (Lien Le Monde – Reuters).
 

De l'orage dans l'air...

 
Un chrétien évangélique antidarwinien à la rescousse de Bush
 
 
« Ce groupe de pression propagandiste, qui suggère l’existence d’un lien entre l’organisation d’Oussama ben Laden et l’Irak d’avant 2003, explique que sa «mission» consiste à «mener un combat puissant contre la terreur» et fustige «ceux qui veulent se débiner». Sheldon Adelson, principal pourvoyeur de Freedom’s Watch, est classé troisième des personnalités les plus riches des Etats-Unis par le magazine Forbes. La plupart des autres donateurs sont aussi des hommes d’affaires richissimes, que George W. Bush a récompensés pour leurs contributions à sa campagne électorale, en leur offrant des postes d’ambassadeur . Ce carré pro-Bush compte aussi John Templeton, un chrétien évangélique antidarwinien qui aurait dépensé 60 millions de dollars au fil des ans, pour financer des projets visant à allier science et religion. » nous apprend Libération (lien). Ben Laden et sa clique étaient exécrés par Saddam Hussein mais le mensonge doit perdurer vaille que vaille. L’empereur remercie ses contributeurs en donnant des maroquins, des chrétiens évangéliques qui financent des campagnes de propagande créationnistes ? Voilà un attelage politique et médiatique qui en dit long sur l’état de la société américaine au bout de deux mandats du « born again »… Il y a comme un air de décadence et une odeur de putréfaction persistante qui flotte dans les coulisses impériales.
 
Comment a-t-on pu en arriver là est la première pensée qui traverse l’esprit à la lecture de ces quelques lignes révélatrices d’une société déboussolée qui sert pourtant de tête de gondole à notre monde dit « civilisé ». C’est simple, l’association du pouvoir et des média donne un monstre de communication politique qui se nourrit de lui-même en permanence en s’affranchissant de toutes les limites de la décence, d’un semblant de moralité et de l’idée même de réalité. C’est très exactement ce qui est en train de se produire en France, la collusion entre le puissant appareil médiatique et Nicolas Sarkozy aboutira à la même impasse, celle d’une imposture qui doit durer jusqu’à la nausée et ce, en dépit du bon sens. L’absence de contre-pouvoir s’avère préjudiciable à la longue pour la grosse machinerie puisqu’elle devient sujette à une inflation permanente sans cet aiguillon salutaire pour dégonfler la baudruche monstrueuse emplie de vent. Bien sûr, le système a élaboré quelques ersatz et quelques diversions pour bercer d’illusions l’opinion publique comme le CSA (rires dans la salle) ou RSF qui légitime les méthodes de torture impériale (lien Voltaire), fustige Cuba, le Venezuela et l’Iran (tiens, cette liste me dit quelque chose…) mais ne trouve rien à redire à propos de l’indécent spectacle médiatique qui se déroule en ce moment dans notre pays… Défense de la liberté de presse très sélective ou cerbère pour garder les choses en l’état ?
 

Entretenir la confusion...

 
Les mercenaires du débat orienté
 
 
Le niveau de désinformation de nos sociétés a atteint un tel degré de sophistication et d’efficacité que chaque citoyen se doit de devenir un filtre permanent et non un réceptacle béat pour espérer entrapercevoir un soupçon du réel entrevu entre deux encoignures du labyrinthe de l’information formatée. Bien des constructions mentales qui structurent l’opinion publique reposent sur des fondations fallacieuses et des décennies de patient montage effectué par les officines de renseignement, les spécialistes de l’intoxication, les mercenaires du débat orienté et les intellectuels parfois rémunérés pour cautionner ces châteaux de cartes truquées.
 
Travail pénible de décryptage certes mais qui se révèle in fine gratifiant. Deux exemples nous permettent de saisir immédiatement le mécanisme de falsification permanente : celui de Wikipédia qui indique le niveau de réécriture simultanée de l’histoire et du présent (lien Le Monde) et l’examen attentif de la gymnastique sémantique de nos communicants qui leur permet de malaxer le réel pour en extraire une version plus gouleyante. On salue au passage un cador en la matière, le bon Blair (Lien Questions critiques sur la sémantique de Tony). Un formidable et regretté partner pour le Néron texan et inculte (lien Reuters sur ses nouvelles gaffes) puisqu’il n’a pas hésité une seconde à ensabler la couronne britannique en Mésopotamie (lien le Monde – Nouvel Obs – Libération) tout en faisant marcher le vrai business (lien contrat BAE system de 30 milliards d’euro, Le Monde). Il constitue le prototype même de ces nouveaux as de la communication politique, experts en manipulation et autre filouterie linguistique. Il demeure d’ailleurs l’une des références absolues pour… Nicolas Sarkozy.
 
 
A lire prochainement la deuxième partie (L’ Irak, son désert et ses mirages)…
 
 

 
 
 
Ressources du site :
 
 
Ephémère Empire - La libre entreprise de domination -L'impact désastreux de la PNAC - Le Nouvel Ogre Mondial-La folie planifiée de Bush Jr - Bush : comme si de rien n'était... - Olmert, Carter et l'omerta - Un petit flash-back impérial... - Moyen Orient : une destruction planifiée - Gaza : les murs des lamentations - Apocalypse...bientôt ! - Big brother chez Big Ben - Les bienfaits de l'Empire enfin chiffrés - La loi de la jungle et de la junte - La plus grande démocratie... - Les 2 tours et la diagonale du Fou - Notre Néo-cons à nous... - L'odeur du pétrole et la nausée - Merveilleux Empire du bien - USA : le mensonge empire - Le 11 septembre tue encore - Quelques évidences sur le 11 septembre… - 11 septembre : des étudiants pas comme les autres -  Bush : c'est reparti pour un tour de passe-passe - L’Afghanistan, pays pivot, pays pavot... - Terrorisme : à qui profite le crime ? - L'Empire a de...l'imagination
 
 
 
 
Liens :
 
 
 
 
 
 
 
 
 
USA: le suicide des jeunes filles en hausse (fil info Figaro)
 
Le taux de suicides chez les jeunes adolescentes américaines âgées de 10 à 14 ans a fait un bond de 76% et de 8% en général pour les jeunes de 10 à 24 ans, la plus forte hausse en 15 ans, selon le Centre américain de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Ces chiffres préoccupants se basent sur les dernières données, collectées en 2004 et comparées à celles de 2003. (Avec AFP).
  Télévision US (fil info Figaro)
 
TV aux USA
 
Les enfants sont assaillis d'images violentes ou à caractère sexuel toutes les 3,5 minutes aux heures de grande écoute à la télévision américaine, affirme l'étude d'une organisation parentale, le Parents Television Council (PTC). Durant les 180 heures de programmes étudiées en 2006-2007, 90% des 208 émissions observées sur la première heure de grande écoute (20H00 à 21H00) comprenaient soit des injures, soit des images sexuelles, soit de la violence.
La pire des chaînes de ce point de vue est Fox, notamment pour la violence, affirme le PTC qui assure qu'avec 20,58 occurrences d'images violentes ou sexuelles, le grand réseau américain fait deux fois pire que ses rivaux. La chaîne ABC (Grey's Anatomy, Desesperate Housewives) quant à elle tient la palme des séries à contenu le plus sexuel.
(Avec AFP)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
«  (…) le groupe britannique de défense BAE Systems serait sur le point de signer un contrat d'une valeur de 20 milliards de livres (près de 30 milliards d'euros) pour fournir à l'Arabie saoudite soixante-douze avions de combat Eurofighter
 
Sa conclusion interviendrait après que l'ancien gouvernement Blair a suspendu, en décembre 2006, une enquête anticorruption portant sur de précédents contrats de BAE en Arabie saoudite. L'enquête du SFO (Serious Fraud Office) avait montré l'existence d'actes de corruption dans un contrat géant pour la vente d'avions Tornado remontant à 1984 (…) »
 
 
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Publié dans L'Empire du Bien

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D
Encore une fois, quelle régalade. bravo et merci.
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