Bush : c'est reparti pour un tour de passe-passe
Cela devient une ritournelle obsessionnelle lorsque Bush et ses amis contributeurs ont décidé de jeter leur dévolu sur un pays pétrolier. Dans un discours très incisif, l’Empereur vient en effet de déclarer que l’Iran voulait se doter de l’arme nucléaire afin de la distribuer aux terroristes du monde entier ! A moins que les Mollahs ne décident de balancer le joujou sur les USA puisque l’Iran est devenu une émanation d’Al Quaida ou un double malicieux. Cette incroyable propagande, aussi énorme que délirante, est le énième avatar de la campagne permanente de diabolisation du pays qui possède 12 % des réserves mondiales de pétrole et le quart des réserves de gaz de la planète. Un pactole alléchant qui vaut bien un ixième bobard de taille.
En panne d’imagination ou trop d'imagination, difficile de conclure... C’est l’impression que donne l’administration Bush après avoir usé de tous les stratagèmes de la propagande pour faire avaler des couleuvres au monde et des boas obèses aux citoyens américains. Après les armes de distraction massive, l’implication de Saddam Hussein dans le 11 septembre, les missiles nucléaires et bactériologiques du même, la joyeuse "libération" des Irakiens, la « démocratisation forcée », les « guerres préventives », le mythe de Zarquaoui, les mirages d’Al Quaida, la dernière bévue de son allié au Liban et les attentats virtuels et liquides, l’Empereur nous ressort la même pirouette exécutée jusqu’à la nausée.
Encore une fois, la cible est pétrolière et arabe, encore une fois, il est question de « terrorisme » et d’Al quaida, le nouveau sésame de l’endoctrinement de masse. Après avoir siphonné le réservoir irakien, les gloutons du Pentagone ne semblent toujours pas repus du sang noir qui dort sous le sable brûlant du Moyen-Orient. D’autant que l’allié local, Israël, pousse également de toutes ses forces pour inscrire l’Iran au menu des libations à venir, ne supportant pas l’émergence d’une puissance régionale autre que la sienne…
« "Le régime iranien et ses sbires terroristes ont démontré leur volonté de tuer les Américains et le régime iranien cherche à présent à posséder l'arme nucléaire [...] Les nations du monde libre ne permettront pas à l'Iran de produire l'arme nucléaire" » a déclaré George Bush avec cet accent de sincérité que l’on lui connaît (lien). Encore une fois, l’Iran est devenu l’équivalent d’Al Quaida, une nation hideuse qui fomente les pires atrocités via ses groupes de terroristes affidés (le Hezbollah est ici visé), un pays qui se dépêche de se doter du nucléaire pour détruire l’Amérique ou son équivalent délocalisé sur place, l’état hébreu.
Kim Ill Jung, le dictateur fou, est un plaisantin et le Pakistan, un îlot de stabilité et de paix...
Extraordinaire cabriole sémantique qui, d’un glissement à un autre, mélange allègrement des aberrations, des raccourcis et des mensonges éhontés pour en faire une relecture manichéiste, biaisée et complètement délirante. Il est vrai que le grand public, surtout outre-atlantique, ne maîtrise pas l’imbroglio du Moyen-Orient avec ses sunnites, ses chiites, ses milices, ses alliances et ses incompatibilités. Il faudrait avoir également présent à l’esprit, un minimum de culture et d’histoire, celle qui explique la vraie détestation des Perses iraniens pour les wahhabites saoudiens qui « animent » Al Quaida, celle qui donne une clé de compréhension sur les tiraillements ethniques de l’Irak longtemps dirigé par une minorité sunnite au pouvoir bien que majoritairement composé de chiites. Les mêmes qui règnent en Iran, le grand pays voisin.
Le message délivré est clair pour être bien entendu : le méchant c’est l’Iran, ce pays déteste l’Amérique (on se demande bien pourquoi…), ce pays va avoir une bombe nucléaire et il est terroriste. C’est sans doute une pure coïncidence mais cet argumentaire apocalyptique basé sur la peur, une fausse urgence et une menace fantôme….est exactement celui des néo-cons israéliens. « Pourvus d'armes nucléaires, les terroristes pourraient "faire chanter le monde libre" et représenteraient "la plus grande menace à laquelle ce monde soit confronté" martèle donc à l’envi l’Empereur »(Lien). L’Iran qui pourrait se doter du nucléaire comme par exemple, la Corée du Nord, l’Inde, le Pakistan, le Brésil et l’Afrique du Sud, représente bien sûr "la plus grande menace à laquelle ce monde soit confronté". Kim Ill Jung (Corée du nord), le dictateur fou, est sans doute un plaisantin et le Pakistan, un îlot de stabilité et de paix comme on le sait tous…
Un peu avant son homélie consacrée à l’étude de l’apocalypse vue par l’évangélisme sous acide lysergique, le vaillant chevalier de l’Ordre Nouveau avait reconnu l’existence de prisons secrètes managées par la CIA (lien). Quel scoop renversant que cette repentance du bout des lèvres de Bush ! Il faut dire que cette offensive médiatique de Bush qui s’articule sur le sempiternel socle du « terrorisme », intervient à un moment où son administration vacille à nouveau, engluée dans des échecs répétitifs (le dernier en date, le Liban) tout en naviguant à vue.
D’ailleurs, les citoyens de l’Empire sont en proie à un doute persistant quant à cette campagne massive de désinformation comme en témoigne un sondage récent sur l’Irak (lien). De la même manière, les Européens ne s’y trompent pas en jugeant que les USA représentent la plus sérieuse menace qui pèse sur la paix dans le monde (lien Defensa). L’Oncle Sam rejoint sur le piédestal une vieille connaissance, Israël, que les Européens considéraient comme la plus sérieuse menace pour la concorde mondiale. L’épisode du Liban a démontré que les citoyens du vieux continent (des antisémites bien sûr a conclu l’état hébreu) se trompaient lourdement… N’est-ce pas ?
Ce sinistre barbu est également le vrai chef d’Al Quaida
Il faut saluer bien bas la clairvoyance des Européens qui semblent résister, vaille que vaille, au déferlement permanent de propagande qui les assaillent. Un exemple ? le dernier scoop d’Intelligence on line qui nous révèle que le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah est un pantin à la solde de l’Iran et de la Syrie tout en étant une taupe secrète de Kim Ill Jung (lien) ! On pourrait ajouter que ce sinistre barbu est également le vrai chef d’Al Quaida, le cerveau des Taliban afghans, un nostalgique du nazisme (« nazislamiste ») et la véridique réincarnation du Diable en personne d’après les prophéties télé-évangélistes. Ouf ! On pourrait presque en sourire de cette délirante communication si elle ne servait de prétexte idéal pour nos propres gouvernements.
Ainsi, l’Allemagne qui vient de subir un attentat terroriste loufoque, en profite pour faire avancer son projet de flicage numérique à grande échelle (lien), un maillage que nous subissons également en…France depuis l’adoption des « lois Sarkozy ». A propos du petit dernier, il s’apprête à faire une grande tournée aux USA pour faire le plein d’imagination avant d’importantes batailles électorales (lien Associated Press). Avec de sages conseils et une expertise en matière de manipulation d’opinion, notre meilleur candidat devrait nous revenir requinqué. Le poulain de Bush piaffe déjà d’impatience mais les jeux semblent plus complexes que prévu. Et puis, qui sait ? Un petit coup de pouce du destin pourrait infléchir définitivement les électeurs indécis, une « divine surprise » à la française ? La menace est « élevée » nous prévient-on (lien). Wait and see…
Liens :
L’Amérique cadenassée, ou la démocratie dictatoriale à la recherche d’un “dictateur à rebours” (De Defensa)
« (…) L'armée américaine a annoncé jeudi que deux soldats américains avaient été tués la veille dans l'ouest et le nord de l'Irak, portant à 2.661 le nombre de militaires américains et personnel assimilé morts en Irak depuis l'invasion de mars 2003, selon un décompte établi par l'AFP d'après des chiffres du Pentagone.(…) »
Suède : une affaire d'espionnage bouleverse la campagne électorale à moins de deux semaines des élections ( EuroNews)
Le Conseil de l'Europe pour un contrôle des services secrets (Libération Reuters)
La menace d’attentats en France est «élevée» (Libération Reuters)
La polémique sur la «colonisation» relancée (Libération Reuters)
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CC Jung