Les Sans-papiers face aux Sans-pitié

Publié le par cc jung in effect

Les fantômes de Sarkozy
 
Les nouvelles lois promulguées par notre fier empereur à talonnettes commencent à porter leurs fruits…amers. Les nouvelles dispositions, sous la forme d’une circulaire publiée par les ministres de la justice et de l’Intérieur, donnent des consignes claires pour l’interpellation des sans-papiers dans les centres d’hébergement, les préfectures où ils doivent pourtant se rendre pour régulariser leur situation, les locaux d’associations et même dans les hôpitaux (article Libération). 

 

Noire solitude

 
Une chasse à l’homme affublée d’un vernis légal qui vient compliquer le quotidien de ces hommes et femmes, ces fantômes apeurés qui ont bien souvent pris déjà des risques insensés pour rejoindre le pays…des droits de l’homme. Le risque réel pour cette population est une plus grande clandestinité qui, paradoxalement, fera encore plus l’affaire des patrons véreux qui exploitent ces nouveaux esclaves privés de tout droit et bientôt de toute visibilité. C’est sans doute là le but recherché : les marches des Sans-papiers, les demandes de régularisation massive comme celles accomplies par la plupart des pays européens et autres manifestations pour un peu plus de dignité sont sans doute insupportables aux yeux d’un certain électorat qu’il convient de flatter encore et toujours.
 
 
En empêchant ces travailleurs (ils doivent travailler à tout prix et au noir puisqu’ils ne bénéficient d’aucun recours social ) de sortir la tête de l’eau, notre gouvernement les plonge un peu plus profondément dans la glauque marginalité des vies de taudis, de squats et de débrouille misérable. Dire qu’ils vont désormais fuir les guichets des associations qui leur viennent en aide est déjà insupportable mais imaginer qu’ils devront également fuir les urgences médicales et les hôpitaux est inadmissible pour une société qui se prétend évoluée. Bien sûr, la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde selon le mot abrupt de Michel Rocard, personne ne lui a demandé de toute façon de remplir cette mission philanthropique mais elle peut au moins avoir un minimum de dignité républicaine, la même qui s’affiche majestueusement aux frontons de tous nos bâtiments publics, là où sont gravés trois mots bien ironiques aujourd’hui, « Liberté – égalité et…fraternité ».
 

-------------------------------
« Dans les Hauts-de-Seine, des bénévoles dénoncent la multiplication des obstacles, les arrestations possibles dans les préfectures et l'avant-projet de loi Sarkozy.

« Cela fait de longues minutes qu'Henri épluche la pile de documents posée devant lui. De l'autre côté de la table, Souleiman attend patiemment. Cette masse de papiers, classés année par année, résume dix ans de la vie en France de ce jeune Africain sans papiers. S'il parvient à justifier de dix années continues de séjour, il sera régularisé. Mais son dossier a déjà été rejeté une fois par la préfecture. «Il a un problème de preuves pour avant 1998», explique Henri. Ce bénévole au Comité des sans-papiers des Hauts-de-Seine (CSP 92) continue d'examiner les pièces apportées par Souleiman. Pour 1992, une ordonnance de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière ; pour 1993, des résultats d'analyses de laboratoire ; pour 1994, une fiche de consultation à l'hôpital et une «facture de réception de mouton pour la cantine» du foyer où il réside. «Ça peut servir de preuve», tranche Henri. Pour 1996, une autre fiche de rendez-vous à l'hôpital et un appel de cotisation à une mutuelle de solidarité africaine pour le rapatriement du corps au pays en cas de décès en France...
 
Deux tables plus loin, une autre bénévole épluche aussi un «dossier de dix ans». L'homme assis face à elle, également africain, est arrivé en France en 1991. «Mais il lui manque quatre ans de preuves», soupire Françoise. Il y a quelques années encore, une enveloppe timbrée oblitérée, frappée d'un tampon de la poste lisible, permettait d'attester de sa présence en France à la date indiquée. «Aujourd'hui, la préfecture considère que c'est nul. Ils sont de plus en plus exigeants pour les dix ans», soupire encore Françoise. Le dossier de l'Africain est trop incomplet, elle lui déconseille de le représenter à la préfecture. «En ce moment, on les dissuade d'y aller, sauf ceux dont le dossier est nickel, explique-t-elle, sinon c'est trop dangereux
 
Par Catherine COROLLER vendredi 17 mars 2006 © Libération
 
Article original et intégral :
 
 
 
 
Liens :
 
 
 
 
 
 
 

         L'Espagne se mobilise face à l'immigration massive venue de Mauritanie (AFP)

Ressources du site :
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
   
 
 
 
 
  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
See u
 
CC Jung

Publié dans Omegactualité

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article