La faillite sécuritaire

Publié le par cc jung in effect

Prisonniers d’une…politique
 
Le représentant du Conseil de l'Europe, Alvaro Gil-Roblès (commissaire européen aux Droits de l'homme) va présenter mercredi un rapport accablant sur la situation de la justice en France. Les prisons sont dans un état lamentable, la justice cible ses proies et les représentants de la loi ne la respectent pas. Rien de bien nouveau sous le soleil. Embarquée dans une dérive sécuritaire de grande envergure, il n’y a aucune raison que les choses s’améliorent dans l’Hexagone. Cela devrait même empirer.
 
 
« Cellules insalubres, sanitaires en mauvais état », « un endroit répugnant », « de ma vie, sauf peut-être en Moldavie, je n'ai vu un centre pire que celui-là ! C'est affreux ! » s’est indigné le rapporteur européen, Alvaro Gil-Roblès, après une visite dans les geôles de notre beau pays auto-proclamé des « droits de l’homme » (Lien). Un héritage dont nous sommes bien indignes si l’on en croit les conclusions du commissaire européen aux Droits de l'homme justement. Curieux paradoxe d’un pays qui se permet de donner des leçons de bonne conduite au monde entier en oubliant ses dérapages permanents. Logique conséquence de l’état policier qui est progressivement mis en place. En France, nos hommes politiques n’ont pas d’idées alors ils mettent des policiers un peu partout, dans les villes, dans les trains, dans les transports, dans les airs, bientôt dans les écoles et de manière plus subtile, dans la tête des gens. « Sécurité par ici, sécuritaire  par là » beuglaient la noble caste des électeurs frontistes à courtiser, certes… L’augmentation du nombre de détenus fait le bonheur des annonces au journal télévisé dans cette drôle de campagne présidentielle permanente, mais une fois épinglés par les cerbères, il faut bien faire quelques chose des statistiques de la propagande.
 
C’est tout à fait l’inverse des statistiques sur l’emploi, ici il faut sans cesse gonfler le monstre, le nourrir comme un glouton insatiable, donner des pelletées de délinquants à la bête qui menace de mordre aux prochaines échéances électorales. Alors les brigades du tigre de Neuilly reçoivent le feu vert pour une chasse à l’homme sans saison mais avec un permis valable pour ramener du gibier. Qu’importe la façon du moment que progressent les chiffres. Les réserves de chasse sont pleines avouons-le. Entassés dans des cages et des clapiers insalubres à la périphérie des villes, des moutons noirs, des rastakoueres à casquette blanche et à plumage griffé, des pur-sangs arabes à dompter, pourquoi s’en priver ?
 
 
 

Statistiques

 
 
Harcèlement policier et délit de faciès que la brutalité froide des chiffres corrobore
 
 
« Le représentant du Conseil de l'Europe fait part de son «inquiétude» devant l'augmentation des violences policières. Le nombre de plaintes devant la Commission nationale de déontologie et de sécurité «a ainsi augmenté de 34 %» avec des plaignants, «très majoritairement des Français d'origine étrangère et des étrangers» précise l’article. Tiens donc… Les émeutes de novembre avaient donc un fondement crédible, celui du harcèlement policier et du délit de faciès que la brutalité froide des chiffres corrobore, loin de tout baratin technocratique pour maquiller l’insupportable « stigmatisation », nouveau nom politiquement correct pour ne pas dire racisme.
 
Que dire également de la « hausse étrange des plaintes émanant de policiers, cette fois, pour «outrage et rébellion», qui remplissent les rôles des tribunaux ». Rien si ce n’est un classique de l’impunité et de la perversion des adeptes du tonfa qui savent où les coups font mal et ne laissent pas de traces. Un tour de main (dans le dos) vite appris, il suffit d’avoir un peu de…bouteille et de solides chaussures bien rembourrées. Soit vous acceptez la ratonnade, les humiliations et les joyeuses insultes pour divertir les cow-boys de service, soit vous refusez l’avilissement et  vous vous retrouvez avec un commissariat entier prêt à jurer que vous avez violemment frappé et insulté les forces de l’ordre même si pour l’heure, c’est vous qui arborez le visage tuméfié, des menottes d’oiseau de proie avec une plainte sur le dos pour « rébellion et outrage » en sus. L’outrage ? Vous être sentis outragés ! La rébellion ? Sans doute une volonté insupportable qui consiste à demander le respect strict des lois et des procédures.
 
 

Chasse à court d'arguments

Bassesse maquillée en procédure kafkaïenne
 
 
Que dire enfin de la très symptomatique mesquinerie pseudo-administrative qui consiste à demander à un étranger qui sollicite l’asile, de remplir en français un dossier en cinq jours et pas une minute de plus « sans accès à un interprète, sinon payant ». Comme le souligne justement l’article de Libération, un vrai réfugié tamoul ou irakien projeté dans les macabres sous-sols d’une oubliette (ces endroits qu’il voulait justement éviter), se doit de maîtriser la langue qui plus est administrative, pour prétendre déposer une demande d’asile. A cette bassesse maquillée en procédure kafkaïenne, il est sans doute préférable de choisir de claironner haut et fort dans le monde entier, une bonne fois pour toutes, à l’intention de tous les malheureux et amoureux de la France, que le pays qu’ils imaginent est un mythe bien miteux et qu’ils finiront d’appréhender la réalité d’une nation des droits de l’homme, dans une prison surpeuplée, avec des hommes mais sans droits. Une prison qui elle, mérite effectivement un bon coup de karsher.
 
 
Liens :
 
 
 
 
 
 
 
 
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CC Jung
 
 

Publié dans Omegactualité

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