Caricatures électorales

Publié le par cc jung in effect

Le bruit et la couleur
 
Le journal Libération publie dans son édition du jour un article sur le rapport mensuel de l'Observatoire national de la délinquance présenté par le ministre de l’intérieur. Dans un souci de « transparence » bien sélectif, il souhaite se pencher sur l’origine ethnique des personnes mises en cause. Ce qui est sûrement transparent dans cette manœuvre, c’est un énième racolage en direction de l’électorat le plus select de France, celui du front national.
 
 
C’est paraît-il un des secrets qu’aiment à susurrer les élus politiques, l’air grave et l’œil alerte aux fuites, dans les salons feutrés de la République. « La majorité des délinquants sont des étrangers » assène-t-on comme une vérité dérangeante qu’il convient de manier avec la plus extrême des précautions oratoires. La belle affaire… Précision de taille à apporter à la rumeur colportée depuis des lustres dans tous les rassemblements du FN et du MNR, la majorité des délinquants sont des français d’origine étrangère. La nuance balaye la caricature désobligeante, une parmi tant d’autres d’ailleurs…
 
 

Les corbeaux

Gangs de mamies dealeuses et braqueuses
 
 
Ainsi donc, la criminalité se nourrit des jeunes issus de l’immigration, les mieux lotis pour commettre les larcins, pour seriner à tout va et attaquer les diligences de la Brink’s. Etonnante révélation là où l’on s’attendait à une bombe médiatique comme l’annonce que les gangs de mamies dealeuses et braqueuses sévissent dans les maisons de retraite, que les motards junkies, retraités et flingueurs, terrorisent des villes entières, que les bourgeoises en manteau de fourrure griffés du 16e s’avèrent des racketteuses au cutter de première et de redoutables trafiquantes de cannabis marocain ou encore que les bijoutiers de la place Vendôme écoulent des diamants ensanglantés par les guerres civiles africaines… Même pas.
 
Le ministre de l’intérieur, dans un souci de transparence (des urnes à remplir de brune pestilence) voudrait nous dire que la délinquance se niche dans les banlieues où pourrit une génération entière de jeunes, que la même population qui vient de se révolter contre l’exclusion, le chômage et la pauvreté survit en multipliant les petits trafics et les combines illégales. Qui aurait pu s’en douter ? Saine réaction de Dominique Achispon, secrétaire général du Syndicat national des officiers de police (Snop, majoritaire), qui s’interroge : «à quoi pourraient bien servir de telles informations. On arrête un délinquant, pas parce qu'il est noir ou arabe, mais parce qu'il a commis une infraction» (Lien article Libération).
 
 
 

Emotion

La conséquence de leur position sociale
 
« Je ne crois pas qu'il existe de mécanisme ethnique ou cultuel dans la construction de la criminalité. Il y a une réalité démographique : les jeunes mâles sont davantage représentés dans les populations issues de l'immigration et, par définition, sont plus remuants que les vieilles dames.» résume admirablement Alain Bauer, « pilier de la pensée sécuritaire, qui fut membre du cabinet de Michel Rocard quand il était à Matignon, et Grand Maître du Grand Orient de France » interrogé par Libération.
Même constat pour Laurent Mucchielli, directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales.Il soutient que « la part prise par des jeunes issus de l'immigration dans certains types de délinquance est d'abord la conséquence de leur position sociale. Ces jeunes sont avant tout des enfants des quartiers ouvriers, des fils de familles nombreuses, les moins armés scolairement et les plus précaires économiquement».
 
Une situation de ghetto social que l’on retrouve dans la plupart des pays dits « développés », USA en tête où les noirs sont les premières victimes de la délinquance et les principaux bourreaux dans un même temps. Quel intérêt alors à présenter cette donnée sociologique si ce n’est pour pointer d’un doigt accusateur une même catégorie d’individus, les mêmes sous d’autres cieux qui manifestent contre d’autres caricatures méprisantes, les mêmes qui sont responsables de tous les dysfonctionnements de notre monde depuis que le grand ordonnateur américain les a mis à l’index en flairant la bonne affaire pétrolière. Quel intérêt ? Devinez…
 
 
 
 
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CC Jung
 
 

Publié dans Omegactualité

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