Vade retro Vador
Dark Vador
A l’image de son mentor d’outre-atlantique, notre candidat au karsher sombre dans la vanité céleste et le pompeux messianique. « Une force » le pousse à se présenter pour l’investiture suprême.
Vanités des vanités ou mégalomanie galopante ? Notre futur empereur à talonnettes se sent non seulement pousser des ailes de futur faucon comme son modèle américain, Bush, mais il se sent également investi d’une mission. « Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a déclaré dimanche soir sentir une lui une "force" et une "volonté" qui le conduisent à vouloir "le meilleur" pour son pays, notamment dans l'optique de la présidentielle de 2007 » nous apprend une dépêche de l’Associated Press (AP).
Le meilleur élève des néos-conservateurs américains, notre ministre de l’intérieur, a désormais des bouffées mystiques et délirantes puisqu’il veut nous faire avaler qu’il serait poussé sur le devant de la scène par une volonté mystérieuse du destin. A force d’entendre un peu partout que l’élection présidentielle était la rencontre d’un homme et d’un peuple, un raccourci un rien pompeux, il s’ingénie à réécrire l’histoire (une spécialité de son parti d’ailleurs) pour lui donner un semblant de mysticisme et des répliques indignes d’un mauvais téléfilm d’heures creuses de TF1 pendant les vacances scolaires.
Une force et une volonté quasi divines, un souffle épique…et trois semaines d’émeutes, des chiffres de la sécurité trafiqués et calamiteux, une fracture sociale, un gouffre et l’échec tonitruant de son parti au pouvoir. Un petit relent de gaullisme faisandé à la sauce Jeanne d’Arc, des bribes d’histoire de France sans doute mal assimilées pour réchauffer les plats et les sondages, ce n’est pas vraiment à la hauteur du personnage ou plutôt si.
Le meilleur, c’est forcément…lui
« Vouloir le meilleur pour son pays » (parce que les autres candidats veulent le pire ?) dans la bouche de cet apprenti-Bush signifie que le pays mérite le meilleur, donc lui. Un petit tour de passe-passe sémantique sans doute concocté par les brillants cerveaux qui lui ont inspiré ces célèbres répliques à l’emporte-pièce. Le meilleur, c’est forcément lui, celui qui arrive à faire oublier ses trahisons multiples (signe d’une vraie constance de ses convictions politiques), le bilan pitoyable de multiples gouvernements dans lesquels il a trôné avec des pouvoirs considérables, l’absence de projet politique autre que celui de la multiplication des uniformes et donc des pains à défaut de remplir les ventres, son engagement inconditionnel à la bouffonnerie des néos-cons-évangélistes qui lui fait voir les territoires occupés passé le périphérique, et tout le reste de l’imposture que les médias se gardent bien de rappeler.
Splendeur et misère des courtisans
"Toutes ces dernières années, j'ai mesuré le prix personnel que représentaient le combat et les responsabilités au plus haut niveau", a-t-il confié lors du Grand Rendez-vous Europe 1/TV5 Monde/Le Parisien. "Et pourtant, je sens en moi cette force, cette volonté. Je ne saurais pas l'expliquer, mais je l'ai." (AP). « J’ai mesuré le prix personnel que représentaient le combat et les responsabilités au plus haut niveau » ? Allusion à ses récents déboires conjugaux étalés un peu partout ? Il a sacrifié sa vie de couple pour la France avec un grand F ? Il a délaissé Cécilia pour mieux s’offrir à une Marianne languissante ? Quelle dévotion et quel sens du sacrifice pour le bonheur de tous, un scénario touchant digne de la Star Académie élyséenne pour l’électeur de base, vraiment de base. Splendeur et misère des courtisans…
Bien incapable d’expliquer la mystérieuse énergie cosmique qui préside aux destinées supérieures, l’élan magnétique qui accompagne les messies et les sauveurs, la dynamo céleste qui impulse le karma ? Elle a pourtant un nom cette fièvre, cette mégalomanie et cette mythomanie de Pythie, elle s’appelle l’ambition et la soif du pouvoir, tout simplement.
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CC Jung