Confusion des genres chez les Néos-cons

Publié le 5 décembre 2005 par cc jung in effect

Soupe populaire

Hier, au grand jury RTL-LCI-Le Figaro, Nicolas S 1^era volé au secours du « philosophe » Finkielkraut, coupable selon les mauvaises langues, de dire tout haut ce que les racistes pensent tout bas. La veuve de Coluche, elle, parle vrai et tire la sonnette d’alarme sur la misère qui sévit en France.

« Pour éviter de regarder le mal en face, on fait de la sémantique : le ministre aurait injurié l'ensemble des cités ! (…) Autre drame à Argenteuil, il parle de "racaille". Que n'a-t-il pas dit ! », signé Alain Finkielkraut dans un article du Monde intitulé « Les feux de la haine », le brouillon en quelque sorte de la fameuse interview donnée au quotidien israélien Haaretz quelques jours plus tard.

Le « philosophe » de gauche ( ??? !!!) qui défend les propos calomnieux du ministre de l’intérieur, il y avait de quoi s’étonner à première vue. Parce que sous des étiquettes politiques apparemment antinomiques, nos deux débatteurs affichent bien des convergences idéologiques en se focalisant sur la thématique obsessionnelle du « Choc des civilisations », un poison violent distillé par les néo-conservateurs de l’administration Bush et l’extrême droite américaine (Lien Voltaire).

Un prisme déformant qui brouille toute capacité d’analyse objective. Aux yeux de ces sinistres personnages, tous les faits de société ou presque partent du postulat de l’islamisme et de sa diabolisation. Une véritable perversion mentale. Les menaces qui pèsent sur le monde ? C’est à cause des musulmans fanatiques ! Le terrorisme ? Des musulmans fanatiques ! La résistance des Palestiniens à l’occupation israélienne ? Des musulmans fanatiques ! Les émeutes en France ? Des musulmans fanatiques ! La crise des banlieues ? Des musulmans fanatiques ! Le chômage et l’exaspération croissante des Français ? A cause des immigrés qui ne demandent qu’à se convertir à l’Islam fanatique !

« Eux aussi envoient en première ligne les jeunes »

Une posture et une imposture intellectuelle que l’on s’attendait à trouver dans la bouche haineuse des ultras-religieux et de l’extrême droite…en Israël ou en Russie du fait du conflit tchétchène. Vous n’y êtes pas du tout alors, nous vivons une situation similaire, vous n’avez rien compris ! Heureusement le philosophe Alain Finkielkraut est là pour éclairer vos pauvres lanternes : «Le problème est que la plupart ( des émeutiers) sont noirs ou arabes, avec une identité musulmane (…) Je n'ai pas parlé d'intifada des banlieues. J'ai pourtant découvert qu'eux aussi envoient en première ligne les plus jeunes. Vous, en Israël, connaissez cela : on envoie les jeunes devant parce qu'on ne peut pas les mettre en prison » (Lien).

Ce sont ces propos partisans, engagés et déplacés puisque les jeunes français des banlieues sont à des années lumières des jeunes palestiniens endoctrinés ou révoltés dans les Territoires occupés. Leur révolte épidermique et banlieusarde est née en réaction aux dérapages verbaux qui s’ajoutaient à une détresse sociale, économique et identitaire. Dangereuse et délibérée confusion des genres que Nicolas Sarkozy a pourtant salué hier au grand jury RTL-LCI-Le Figaro. « "M. Finkielkraut est un intellectuel qui fait honneur à l'intelligence française et s'il y a tant de personnes qui le critiquent, c'est peut-être parce qu'il dit des choses justes" a déclamé le ministre de l’intérieur (Lien). Intelligence… française. Il y a quelque chose qui cloche, mais quoi ?

« Honneur à l’intelligence française »

Une propagande insidieuse et dangereuse abondamment répandue sur une France mal en point, fébrile et inquiète. Une manœuvre de diversion de plus. Les uns causent et les autres meurent…De froid et de faim. Les premiers frimas hivernaux ont tué une dizaine d’indigents, symboles terribles d’une misère de plus en plus criante et d’une gestion des affaires publiques calamiteuse. Voilà qui pourrait également faire « honneur à l’intelligence française » : on meurt sous nos latitudes de froid et de faim.

Là où certains fustigent les dépenses somptuaires d’un pseudo état-providence pour le réduire à néant in fine ( « Dette : la bombe Breton », lien), Véronique Colucci ( ancienne présidente des « Restos du cœur ») énonce des évidences grinçantes, de celles que l’on préfère ignorer. Le nombre des pauvres ayant recours à cette « soupe populaire » relookée a été multiplié par… dix en vingt ans nous apprend la veuve de Coluche. On applaudit à deux mains l’efficacité de nos heureux « élus ».

« Véronique Colucci a expliqué sur France Inter que les Restos du Cœur voyaient désormais des familles avec des enfants en bas âge, des "jeunes sans espoir" et des personnes âgées » (lien). La France n’a rien à voir avec les Territoires occupés, n’en déplaise à Sarkozy et Finkielkraut mais c’est sûrement un territoire dont les hommes politiques ne s’occupent plus.

Liens :

Nicolas Sarkozy juge qu'Alain Finkielkraut "fait honneur à l'intelligence française"

http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3224,50-717361,0.html