Royal : une rentrée remarquable

Publié le par cc jung in effect

Ségolène Royal est partout présente dans la presse ce matin et l’on peut dire déjà que sa rentrée précoce ressemble à un exercice de timing plutôt réussi. Sur les terres d’Arnaud Montebourg, elle a choisi d’aborder différents sujets, ragaillardie par des sondages confortables. En s’attaquant directement à son principal adversaire politique, Nicolas Sarkozy, elle s’affirme surtout comme une évidence électorale qui doit faire barrir de fureur les autres prétendants socialistes. Et pendant ce temps-là, Jospin…
 
Les vacances sont finies... La « rentrée » de Ségolène Royal a donc eu lieu ce week-end et elle a suscité l’émoi et les commentaires que l’on prévoyait. Les militants socialistes réunis dans le fief d’Arnaud de Montebourg, à Frangy-en-Bresse se sont bousculés au sens propre comme au sens figuré pour entrapercevoir le phénomène ou du moins, sa silhouette tant la cohorte des journalistes et des élus faisaient barrage. Il faut effectivement parler de phénomène à propos de la possible candidate socialiste puisque tous les sondages lui prédisent une victoire même face au poids lourd Sarkozy (lien), une prédiction heureuse qui est tout sauf une nouveauté.
 
Longtemps considérée comme une éphémère comète dans la course aux présidentielles par la plupart des politologues et les grands barons du PS, Madame Royal s’est imposée comme une évidence que le Parti socialiste sera bien obligé de prendre en compte. Le ralliement récent de quelques grands noms de la sphère socialiste qui ont emboîté le pas au député de Saône-et-Loire, Arnaud Montebourg, lui donnent une surface politique non négligeable et une assurance nouvelle. Son discours, que beaucoup d’observateurs ont jugé comme celui d’une présidentiable, se voulait d’ailleurs plus ambitieux, plus affirmé et plus ouvert sur l’international qu’à l’accoutumée. Les réactions de la plupart des éditorialistes disent bien tout l’embarras des observateurs quelque peu dérangés dans leurs certitudes et leurs doutes devant une donnée et une variable qu’ils ont du mal à analyser, faute d’anticipation (lien). La réaction de l’UMP et de Sarkozy ne s’est pas faite attendre et l’on rirait presque de les entendre accuser un potentiel adversaire de démagogie et de bavardage (lien) en se remémorant la célèbre saillie de Michel Audiard dans les « Tontons flingueurs », qui disait qu’on reconnaissait les c… parce qu’ils osent tout justement.
 

 
Le fantôme de l’opéra de la politique française
 
Tout ceci va sans doute occulter la énième apparition de Lionel Jospin qui a choisi l’étranger (Santander, Espagne) pour se poser en éternel recours, choix de la raison et vieux sage très au fait de la politique internationale (lien). Le fantôme de l’opéra de la politique française préfère les scènes prestigieuses et les strapontins diplomatiques, espérant sans doute impressionner son monde mais il ne fait que s’éloigner un peu plus des futurs électeurs plus préoccupés par un quotidien difficile que par un passionnant débat sur « la démocratie comme antidote approprié à la violence". Il y a là comme un symbole éclatant du réel décalage entre le très professoral retraité, froid et dogmatique au possible, et un électorat très terre à terre qui oscille entre le Front national, Sarkozy ou Ségolène Royal pour résoudre ses problèmes basiques.
  
Que retenir finalement du discours de Madame Royal sinon une compilation plus ou moins réussie d’idées fortes et une intéressante tentative de récupération de l’héritage Mitterrand. A noter quand même, une nette prise de position sur le dossier de l’immigration qui a consisté à fustiger les errements électoralistes et idéologiques de Nicolas Sarkozy, englué dans ce dossier complexe. Le thème de l’immigration choisie si cher au candidat UMP a été décortiqué pour révéler sa vraie teneur, un pillage en règle de la matière grise des pays en voie de développement. Ségolène Royal a eu raison de dire qu’après le détournement des matières premières de ces pays pendant des siècles, les pays dits « développés » envisagent désormais de se servir allègrement dans le fragile vivier des diplômés du Tiers Monde pour saigner définitivement ce dernier en lui dérobant son élite (lien). Le cynisme de la démarche et son côté marché aux esclaves à peine modernisé méritaient bien une petite explication de texte pour que chacun comprenne bien que les mots ont un sens et qu’une politique décidée a des conséquences bilatérales forcément.
 
 

 
Les imposteurs qui s’emboîtent les uns dans les autres comme autant de poupées russes et rusées
 
Un article de Bellaciao qui s’appuie sur les conclusions de l’Ined (Institut national d’études démographiques), vient apporter d’ailleurs un éclairage intéressant sur le sujet de l’immigration en balayant bien des fantasmes entretenus par la propagande nauséeuse (lien). Un article que ne lira certainement pas le « médiateur » nommé par Nicolas Sarkozy, Arnaud Klarsfeld, trop occupé qu’il est à taper sur les associations qui font leur travail en dénonçant sa duplicité et celle de son mentor (lien). Il est temps pourtant de démasquer les imposteurs qui s’emboîtent les uns dans les autres comme autant de poupées russes et rusées. Les naufrages de clandestins sur les côtes italiennes et espagnoles viennent nous rappeler que pour beaucoup de pauvres malheureux, les débats idéologiques, les lois abstraites et les soupes idéologiques ne résistent pas très longtemps face à une détermination sans faille et quelque peu désespérée (liens). Aucun loi sur l’immigration édictée ne pourra corriger le profond déséquilibre Nord-Sud et ce n’est pas en s’enfermant à double-tour et en tirant des rideaux métalliques que l’on pourra longtemps se voiler la face. Les cadavres qui flottent dans nos océans transformés en douves seront là pour nous dire qu’il y a un tout petit problème…
 

 
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CC Jung

Publié dans Omegactualité

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