Du rififi dans le riff

Publié le par cc jung in effect

Ou l’on se rendra compte qu’une « coalition contre le terrorisme » est composée…de terroristes, que les féroces ennemis d’hier sont les meilleurs amis aujourd’hui et que la Somalie est plongée depuis 15 ans dans une guerre civile qui vient de prendre fin avant que n’en démarre bientôt une nouvelle…
 
 
Quelle amère ironie… Les grands stratèges qui s’agitent dans l’ombre inquiétante des officines du Pentagone s’avèrent de piètres pythies décidément. En Somalie, un pays ravagé depuis des décennies par une chaotique guerre civile, l’Empire du Bien avait choisi de s’allier avec ce qui se fait de pire localement, les chefs de guerres qui régnaient sur Mogadiscio (la capitale) et ses alentours. Ces derniers, flairant sans doute l’opportunité qu’offrait une reconversion dans l’Empire du Bien post 11 septembre, s’étaient regroupés au sein d’une « coalition contre le terrorisme » avec ce brin de surréalisme politique qui les rendaient presque « sympathiques ». Ces coupeurs de route tenaient la capitale depuis une quinzaine d’années, en fait depuis la chute du dictateur Mohamed Siad Barré (1991).
Au nom de la Real politik, les autorités américaines avaient bien dû se résoudre à oublier que ces mêmes « Mad max » comme eux-mêmes se surnommaient à l’époque, étaient les responsables du fiasco de l’intervention militaire des Marines dans le cadre de l’opération « Restore hope » en 1992. Une opération de communication désastreuse pour l’Empire naissant. Les plages étaient belles, le débarquement prévu à l’heure des journaux télévisés mais les invités n’ont jamais vraiment respecté l’étiquette…Débarqués sous les projecteurs des cameramen des JT américains qui transmettaient l’événement en direct, nombre de Marines étaient repartis un peu plus tard dans des « body-bags », étrillés par un art de la guerre non-conventionnelle que pratiquaient les milices locales, les « squelettes » raillait à l’époque la troupe US qui n’a pas fait…de vieux os sur place.
 

Orange amère

Ces miliciens représentent pour la population exténuée un semblant d’apaisement
Après quatre mois de combats acharnés, notre chère « coalition contre le terrorisme » vient donc de se faire déloger de Mogadiscio par une milice rivale désireuse d’établir des tribunaux islamiques pour tenter de faire régner à nouveau un semblant d’ordre dans un état fantôme. De la même manière que les Taliban étaient montés en puissance dans un Afghanistan déchiré par les exactions commises par les chefs de guerre locaux, ces miliciens représentent pour la population exténuée par le chaos ambiant qui perdurait depuis si longtemps, un semblant d’apaisement. Les Somaliens aspirent à un peu de quiétude et peu importe si elle a la couleur verte de l’Islam, rouge comme le communisme ou orange comme en Ukraine. Le reste est un grand jeu qui n’a pas d’importance pour ceux qui vivent la destruction et l’anarchie au quotidien.
Cette nouvelle donne dans la région inspire pourtant les craintes de plusieurs pays occidentaux et de leurs services de renseignements. Du fait de son appartenance revendiquée à la mouvance islamiste, la mouvance des seigneurs de guerre victorieux pourrait offrir un abri inespéré à Al Quaeda qui doit désespérément trouver un nouveau point de chute depuis la campagne afghane des troupes US qui a éparpillé les djiadistes. Il est bien évidemment de leur intérêt de se regrouper et de concentrer leurs forces en un endroit bien déterminé pour échapper à la traque planétaire, n’est-ce pas ? C’est l’analyse extrêmement simpliste qui est présenté par les média aujourd’hui. Il s’agit sans doute de préparer l’opinion publique à une éventuelle opération pour redistribuer à nouveau les cartes en trichant un peu bien évidemment.
 

Empathie ?

Des pneus enflammés pour brouiller les yeux des satellites
Les commentateurs de l’actualité, peu au fait du dossier, oublient sans doute de préciser que notre belle « coalition contre le terrorisme » qui a plié bagages depuis peu, a pu tenir tête à l’armada de « Restore hope » en 1992 grâce aux « bons conseils » de ce que l’on allait ensuite appeler.. Al Quaeda. Aguerris en combattant la puissante Armée rouge en Afghanistan, les militants islamistes infiltrés sur place, ont donné quelques tuyaux aux miliciens somaliens de la future « coalition » pour combattre efficacement un ennemi à la technologie bien supérieure. L’enseignement et les renseignements ont fait mouche puisque les Marines héliportés sur le théâtre d’opération sont tombés comme des…mouches. Des pneus enflammés pour brouiller les yeux des satellites aux tirs de bazooka dans les points faibles des hélicoptères blindés de combat, les leçons d’Al Quaeda se sont avérées payantes. C’était bien avant que les facétieux chefs de guerre ne se baptisent « coalition contre le terrorisme » pour bénéficier des retombées de la nouvelle orientation de la politique stratégique américaine…

Focalisation

Cette soudaine focalisation sur la Somalie n’a rien d’une empathie spontanée. La réalité est tout autre bien sûr. Du fait de sa position stratégique, la corne de l’Afrique attise bien des sollicitudes militaires de la part des grandes puissances qui n’ont que faire des fléaux cumulés de la guerre civile, des famines et des déplacements de populations. La récente installation d’une base américaine dans ce qui était autrefois un pré-carré stratégique de la France, Djibouti, en est l’illustration. La route du pétrole qui croise au large explique cette soudaine prédilection pour un des endroits les plus inhospitaliers du continent noir. La folie qui durait depuis quinze longues années sous le règne des bandits en 4 x 4 vient de s’achever pour des Somaliens exsangues mais déjà l’horizon se charge de nuages menaçants semblables à une escadrille de bombardiers aveugles boursouflés de bombes intelligentes. « Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il est d’Al Quaeda » dit un proverbe amer qui résume assez bien l’absurdité des prétextes et la réalité du mensonge.
 
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(…) L'armée est "une école de la vie, de la générosité, de la réussite par le mérite et finalement l'armée c'est un formidable exemple donné par des jeunes qui s'engagent au service de la France et des Français, un exemple donné à d'autres jeunes pour qu'ils le suivent", a-t-elle insisté.
 
Remarquable argumentaire qui plaide…en faveur de la proposition de Ségolène Royale. C’est justement pour retrouver ce sens des valeurs en accomplissant des missions humanitaires ou sociales que la « grande muette » pourrait avoir son mot à dire en matière de délinquance et de prévention. La communication se mord si souvent la queue.
 
 
 
 
 
Nos Taliban à nous...
 
 
 
 
 
 
 
 
See U
 
CC Jung
 
 
 
 

Publié dans Omegactualité

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