Les enfants terribles de Cocteau
Cocteau Twins, le secret du Commandant
Il y a certains pans de la vie du Commandant Jung qui sont peu connus mais ô combien passionnants. Des années après sa disparition, les détails de son incroyable odyssée transparaissent peu à peu, au détour d’une confidence, après bien des silences émus sur la légende de notre constellation. Nous apprenons pourtant aujourd’hui que le Commandant était un musicologue averti, un passionné et un admirateur sans borne des Cocteau Twins. Enquête.
Comme l’a si bien montré Edgard Allan Poe, les évidences sont ces choses que l’on ne voit pas. Le poète parlait alors d’une lettre volée, un peu plus tôt, Jésus Christ, prophète dans le désert, parlait d’une poutre (il était… charpentier). Et pourtant l’évidence crevait les yeux comme autant d’énigmes malicieuses pour les profanes, distillées çà et là comme autant d’indices discrets et finalement de clins d’œil avisés pour les…fans. Un exemple parmi tant d’autres ?
La célèbre mission du Commandant, baptisée « It’s all but an ark lark », celle qui consistait à répertorier les planètes habitables aux confins de notre galaxie (y compris la nôtre), n’était pas un hommage à un obscur savant d’origine islandaise, Ark Lark, « père de la propulsion ionique » comme le laissait entendre si souvent le Commandant mais bien le titre d’une chanson comme l'indiquaient quelques personnes dans la confidence, des proches. Vérification faite, cette chanson est effectivement une œuvre sonore des Cocteau Twins, un groupe écossais aujourd’hui oublié, une référence à l’époque bénie du Commandant.
Même surprise pour le fameux slogan que le Commandant diffusait sur l’ensemble des chaînes galactiques pour promouvoir auprès des jeunes militants de l’espace et de leurs mères attentives, une alimentation saine et équilibrée dans un environnement rassurant. Personne n’a oublié cette fameuse devise qui orne de nos jours tous les ministères de la Famille nucléique, « milk and kisses », du lait et des baisers, la formule magique pour devenir un bon citoyen stellaire. Après bien des heures de recherches dans l’aile numérique des « archives sonores décentes et adéquates », la connexion neuronale était établie. « Milk and kisses » n’est ni plus ni moins que le titre d’un album des… Cocteau Twins !
Facétieux Commandant Jung… A bord de son « Space Bombay Interceptor » propulsé par du plasma enrichi à l’anti-matière écologique, il a parcouru les étoiles clignotantes et les galaxies en laissant l’empreinte d’un humaniste profond doublé d’un conquérant sans pareil. Certes, mais il a fendu les nuits étoilées et froides d’apesanteur en parsemant un peu partout, de multiples hommages hermétiques à son groupe musical préféré. Il clamait ainsi, haut et fort, à qui partageait sa passion dévorante, son goût immodéré pour le chant céleste de Liza F en toute… discrétion dans l’univers entier.
Un dernier exemple pour appuyer notre révélation cosmique ? La planète conquise dans la Constellation de l’Ours après de terribles combats avec des entités non-terrestres et malveillantes, de la racaille spatiale à nettoyer au Karsher plasmique, a reçu comme nom de code militaire « Heaven or Las Vegas ». On a longtemps imaginé que cette appellation étrange faisait sans doute référence à un coup de poker stratégique, à une tactique héritée de Sun Zi et de son traité d’art guerrier. Erreur. Nouvelle révélation ! Elle porte un nom, le dossier numérique numéro : 54456frt_51516564htg-156516516 (section 4848846xxxx), l’album des Cocteau Twins est référencé et disponible pour qui veut bien l’entendre. Son titre est, vous l’avez deviné…« Heaven or Las Vegas ».
Nous avons risqué une oreille attentive pour cette musique d’époque que l’on associe volontiers à un délire cacophonique bien que nombre d’exégèses penchent pour une musique de type dodécaphonique. Les plus audacieux ont même suggéré que ces chants primitifs avaient une utilité rituelle ou contemplative d’où la pauvreté harmonique qui s’en dégage.
Il y a pourtant une ultime évidence qui s’impose à l’écoute de ce trio particulier si cher au Commandant, un groupe minimal composé d’une chanteuse (à la voix unique, étrange et envoûtante, le tout dans une langue inconnue mais pas étrangère), d’un bassiste et d’un batteur. Le Commandant avait bien pressenti le supplément d’émotion du trio et la fascination qu’il pouvait exercer durablement. La voix pénétrante, douce, suave, mélancolique parfois incompréhensible de Liza F est d’une telle pureté qu’elle semble en effet tout droit atterrir des sphères célestes de l’âme humaine.
Etrange magie de l’organe vibratoire, étrange alchimie de sens et d’essence, étrange chant plaintif, parfois joyeux et souterrain qui irrigue l’atmosphère mentale d’une curieuse sensation sonore, quelque chose comme la bande son d’une rêverie évanescente, quelque chose d’éperdu entre le paradis des hommes et sa nostalgie et la réminiscence des lumières d’un gigantesque cirque, le nôtre… Quelque part du côté de Las Vegas…
Discographie :
Garlands (1982)
Head Over Heels (1983)
Treasure (1984)
Victorialand (1986)
Blue Bell Knoll (1988)
Heaven or Las Vegas (1990)
Four-Calendar Café (1993)
Milk & Kisses (1996)
Head Over Heels (1983)
Treasure (1984)
Victorialand (1986)
Blue Bell Knoll (1988)
Heaven or Las Vegas (1990)
Four-Calendar Café (1993)
Milk & Kisses (1996)
Liens :
Site officiel très complet. A noter que de très nombreux MP3 sont proposés, libres en téléchargement dont la fabuleuse version de « Blue Beard _ acoustic » (section « médias ») :
Site officiel de la chanteuse de Cocteau Twins avec des MP3 à télécharger. Le site répertorie les différentes collaborations de la merveilleuse sorcière écossaise, de Massive Attack à la bande son du « Seigneur des Anneaux ».
Un portail pour les inconditionnels ou les curieux :
Discographie et des liens sur le site de la BBC :
Chronique, en français d’un album de Cocteau Twins (« Victoria Land ») :
Toute la cold new wave, de Cocteau en passant par Dead Can Dance. Photos, sons, références.
Album consacré à Elizabeth Fraser (montages, pochettes de disques customisées, portrait)
Blog consacré aux musiques éthérées (dont Cocteau Twins)
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