Le crabe aux pinces d'or

Publié le par cc jung in effect

L’actualité du jour est dominée par un seul mot : élections. Ainsi, à quelques mois des échéances présidentielles, le gouvernement UMP préfère que l’on passe sous silence la commémoration douloureuse des émeutes de banlieues, ces évènements qui sont le symbole éclatant de la faillite de la méthode Sarkozy. Outre-atlantique, les élections qui vont se dérouler début novembre pour renouveler le Congrès, suscitent bien des inquiétudes dans les rangs républicains. La question de la déroute irakienne et de l’enlisement militaire hante toute l’administration Bush en semant la panique et la confusion. Quant aux faucons israéliens, ils continuent à affûter leurs griffes acérées en toute quiétude.
 
Surtout ne pas faire de bruit de peur de réveiller la bête. Telle est la consigne que tente de faire passer de manière subliminale le gouvernement Villepin dans les rédactions à propos des émeutes qui ont éclaté à la même période l’année dernière. Etrange superstition politique qui exprime le désarroi de l’Etat devant une situation explosive qui perdure d’autant que rien n’a été accompli pour désamorcer la bombe à retardement. Les différents organes de presse qui ont logiquement prévu toute une série d’articles et de reportages à l’occasion de cet anniversaire un peu particulier (lien AFP et lien Le Monde sur les « élus »), sont priés d’en faire le moins possible pour ne pas donner de mauvaises idées. Voilà un curieux postulat de base qui ne tient pas la route. Les nombreux incidents mettant en cause la police et les jeunes des cités ne sont en rien les prémices d’une commémoration mouvementée mais à chaque fois, la conséquence d’une arrestation d’ou un contrôle qui dégénère dans un quartier sensible. Ou tout simplement le fait d’un état d’exaspération générale dans les banlieues du fait d’une situation sociale inchangée ou dégradée au possible.
 
Transformée en milice musclée et en vitrine bleutée du candidat Sarkozy, la Police se retrouve finalement entre le marteau et l’enclume, contrainte qu’elle est de faire du chiffre avec des hommes, de mettre au pas la misère et d’intimider tout ce qui bouge dans les banlieues sans qu’un pendant social soit mis en place pour assouplir la politique répressive. Les consignes à propos d’une couverture light par les médias de ces graves évènements, visent surtout à ne pas rappeler aux futurs électeurs que notre ministre de l’intérieur peut s’enorgueillir du seul et peu flatteur bilan ministériel, celui d’avoir mis le feu au poudre et d’avoir indirectement provoqué une quasi insurrection à l’échelle nationale. Ce qui fait mauvais genre à quelques mois des échéances électorales et ravive quelques douloureux moments de notre histoire récente. Le champion auto-proclamé de la sécurité a plongé l’Etat et la France dans une…insécurité totale. Applaudissements nourris donc pour le candidat méritant qui essaye en vain de bidouiller les statistiques pour masquer une hausse constante de la violence et une énième poussée de fièvre en banlieue.
 
 

Elevation

 
Des quolibets à propos de Ségolène Royal résonnent comme des…compliments
 
Libération, qui se débat entre…les débats et les restructurations pour ne pas périr, a finalement bien raison de remettre en cause toute la communication (synonyme : mensonge organisé) du ministre de l’intérieur qui voyait à l’époque non pas des nains partout mais des cambrioleurs délinquants islamistes récidivistes barbus pyromanes et polygames (ouf !) à l’œuvre dans les feux de joie nourris au diesel et à l’essence (lien). Voilà un rappel qui ne devrait pas déplaire à Ségolène Royal que le Figaro tente de ridiculiser en pastichant un album de Tintin à propos de sa récente saillie sur les jurys populaires ( « Ségolène au pays des Soviets » - Figaro). Facile exercice : Tintin en Amérique, en visitant le temple du soleil, a fumé le cigare du pharaon fou et a vu sept boules de cristal. Depuis, il ne rêve que de s’emparer du spectre d'Ottokar, ce vilain crabe aux pinces d’or monté sur des talonnettes. Blague à part, voilà un hommage à la fibre gauchisante de la probable candidate socialiste qui contredit une autre idée largement répandue par ses adversaires, celle d’une matrone vaguement réac, plutôt centriste et pas très loin de la Droite. Il y a des quolibets qui résonnent parfois comme des…compliments.
 
Pour rester dans la sphère du pharaon qui n’a rien dans le cigare mais qui pille allègrement le pays de l’or noir, un coup d’œil sur les dépêches impériales traduit mieux que toute autre chose, le trouble grandissant des « impasteurs » de la Maison Blanche. C’est la confusion la plus totale qui règne dans les rangs républicains et les annonces contradictoires de la machine communicante de Bush y prennent part gaiement. Après une très médiatique conférence qui a réuni les plus hauts gradés de l’armée US, les conseillers et autres spécialistes pour faire semblant de reprendre l’initiative en Irak, le Pentagone semblait se résoudre à prendre un billet retour pour les soudards de l’Empire avant de se raviser (lien). Il faut dire que la branche républicaine du Congrès voit se profiler une défaite électorale au classique renouvellement du Congrès à mi-mandat (7 novembre) comme un prolongement local du cauchemar irakien.
 
 

the master plan...

 
L’ambassadeur américain en Irak éructe dans l’obscurité la plus totale ses « visions »
 
La question principale qui anime les houleux débats électoraux tourne autour de l’Irak et de la dégradation manifeste de la situation. L’administration Bush tente bien maladroitement de dissimuler les chiffres des pertes qui sont élevées (liens Libé – Reuters) et elle essaye de négocier piteusement une trêve avec les groupes d’insurgés sunnites (lien Le Monde). L’administration Bush semble bel et bien prise au collet et ses soubresauts désordonnés trahissent une peur panique de l’échec politique total. Les illuminés du Pentagone, à l’instar de l’ambassadeur américain en Irak éructant dans l’obscurité la plus totale ses « visions » d’un avenir prometteur et pacifié en Mésopotamie (liens AFP et Figaro), sont plongés dans un mauvais rêve aux effluves de poisseux pétrole. Il reste quelques délirants stratèges pour rêver encore de napper au phosphore la capitale irakienne pour résoudre définitivement l’insurrection à Bagdad comme ils l’ont fait à Falloujah (De Defensa – ICFI) mais le cœur n’y est plus trop.
 
Les faucons américains devraient prendre exemple sur leurs homologues israéliens qui se révèlent eux d’une constance remarquable sous d’autres latitudes il est vrai. Ils n’ont pas hésité une seconde à « phosphorer » les Libanais entre autres petits cadeaux empoisonnés échangés pour entretenir le bon voisinage comme ils savent si bien le faire. Mieux, la chasse aux Palestiniens est permise et tolérée toute l’année et ce, depuis des décennies (liens). Encore plus surprenant : il y a un spectacle enchanteur qu’il convient de ne rater pour rien au monde là-bas, celui des combats de coqs que l’on a préalablement enragé en les affamant et en les enfermant entre les barbelés d’un confetti d’état fantôme (liens Le Monde – Reuters).
 
Les Territoires occupés s’embrasent en effet joyeusement comme toute prison surpeuplée et sous-alimentée tandis que les matons de service continuent de tirer dans le tas « d’activistes » pour participer au festival sanglant (liens). Quant à la colonisation sauvage, elle se poursuit en rognant le peu qui reste à phagocyter, en toute illégalité… (lien le Monde). Ultime péripétie pour faire baver d’envie les cousins d’Amérique, l’aviation israélienne se permet de défier l’ONU, la Finul et Jacques Chirac en paradant agressivement dans le ciel d’un pays souverain martyrisé, ce même Liban (lien AFP). Une manière de montrer que les seigneurs du coin entendent bien régner en maîtres absolus sur le cheptel local.
 
 

Supersonique

 
Israël vient d’infliger à Jacques Chirac un camouflet supersonique
 
Le président français avait demandé solennellement à l’état hébreu il y a quelques jours, de respecter les accords de paix conclus entre les parties en arrêtant sa violation systématique de l’espace aérien du Liban. Israël vient de lui infliger un camouflet supersonique en bafouant pour la 68eme fois une résolution prise par l’ONU à son encontre. Dire que les deux guerres du Golfe ont eu pour motif officiel le non-respect d’un protocole onusien, met en perspective la notion fluctuante d’état-voyou et de droit international que l’on brandit si hardiment en d’autres circonstances pour justifier parfois l’injustifiable. La nouvelle coalition d’un gouvernement d’Ehud Olmert noyé dans des scandales sordides, celle qui vient d’inclure l’extrême droite, ne laisse d’ailleurs rien augurer de bon à court terme dans la région (lien Le Monde).
 
 
A part cela ? La planète se désagrège littéralement chaque jour un peu plus et la banquise fond déjà en larmes dans l’indifférence générale des pyromanes inconscients que nous sommes (liens).
 
 
 

 

 
Liens :
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Pour l’ambassadeur américain, le ''succès est possible'' (Figaro - pas un mot sur la coupure de courant, seul fait marquant de cette conférence de presse)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
See U
 
CC Jung

Publié dans Omegactualité

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