Démocratique à condition de "bien" voter

Publié le par cc jung in effect

Démocratie variable mais vraie hégémonie
 
La victoire du Hamas aux législatives en Palestine est venue semer le trouble au sein des têtes pensantes de l’Empire. Ils imaginaient une population arabe avide de fast foods, de MTV et autres avatars de notre belle société de consommation et ils se sont retrouvés avec un parti islamique radical porté au pouvoir par des élections démocratiques. Terrible camouflet stratégique pour l’Empire qui s’imaginait servir de modèle là où il est devenu un repoussoir absolu. L’article de la Fondation pour la Recherche Stratégique est un bon éclairage sur les contradictions du discours préalable et du résultat final.
 
« Les contradictions de la croisade de George W. Bush en faveur de la démocratie au Proche-Orient ont rarement été aussi apparentes. Alors qu'en Irak, la montée en puissance des chiites et les affrontements entre religieux rendent de plus en plus difficile la constitution d'un gouvernement, la diplomatie américaine se heurte à de nouvelles difficultés avec l'Egypte, son principal allié dans le monde arabe. Au cours de sa récente visite au Caire, Condoleeza Rice a répété, avec modération certes, les critiques formulées par Washington pour l'arrestation et la condamnation d' Ayman Nour, le principal opposant au président Moubarak, ainsi que la décision de ce dernier de repousser de deux ans les élections locales, en raison de la victoire annoncée des Frères musulmans. Et ces reproches sont accompagnés d'une pression plus concrète à propos d'un accord de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Egypte, accord pour lequel "le moment est mal choisi", selon la secrétaire d'Etat américaine.

Or cet attachement à la démocratie est ouvertement contredit par Washington en Palestine. Alors que les Palestiniens, au cours d'une élection libre, souhaitée par les Etats-Unis et non contestée par personne, ont plébiscité les représentants du Hamas, Washington s'est aligné sur Israël pour refuser toute légitimité au gouvernement en voie de constitution et lui retirer tout soutien, notamment financier. Pour Israël, qui n'appuyait plus que du bout des lèvres la tenue d'élections dans le monde arabe, il ne s'agit que de prolonger la politique unilatérale d'Ariel Sharon et l'absence de négociations (même avec le "modéré" Abou Mazen, président de l'autorité palestinienne, il n'y a eu aucun sommet israélo-palestinien depuis février 2005, il y a plus d'un an). Toutefois, en renonçant à reverser au gouvernement palestinien, à partir de mars prochain, les taxes perçues sur les marchandises, l'Etat hébreu paralyse encore plus les forces de l'ordre dans les territoires; il empêche aussi le fonctionnement des institutions en interdisant les voyages - y compris des élus - entre la Cisjordanie et Gaza. Or les Etats-Unis non seulement appuient ces mesures punitives, mais ils font de même en réclamant de leur côté la restitution de 50 millions de dollars - encore qu'une négociation semble pouvoir s'engager sur ce point. Le but de Washington, selon le New York Times, serait de provoquer un échec du gouvernement palestinien et d'obliger à de nouvelles élections pour amener les Palestiniens à "mieux voter" une seconde fois...

Démocratie variable...

 
Précipiter les Palestiniens dans les bras de "protecteurs" beaucoup plus radicaux
 
Le calcul est très risqué, d'autant qu'en attendant, le plus clair résultat de ces sanctions est de précipiter les Palestiniens dans les bras de "protecteurs" beaucoup plus radicaux : la Syrie, mais surtout l'Iran. Le Hamas qui, à la différence du Hezbollah libanais, avait conservé jusqu'ici son indépendance vis-à-vis des Etats de la région, a envoyé des délégations à Damas et à Téhéran, où l'on a saisi au bond une proposition faite par la Malaisie dans le cadre de la conférence islamique pour promettre aide et soutien à la nouvelle Autorité palestinienne. En visite à Téhéran, le chef idéologique du Hamas, le sunnite Khaled Mashaal est allé rendre hommage au petit-fils de Khomeini.

Interrogée sur ce point, Condoleeza Rice s'est contentée de se dire "intéressée" par la question de savoir comment un pays comme l'Iran "ou d'autres pays non intéressés au processus de paix" pourront rassembler près de deux milliards de dollars par an - la somme nécessaire au budget de l'autorité palestinienne. A l'heure où les prix du pétrole battent des records, de tels "espoirs" paraissent quelque peu illusoires. Il reste à l'Europe, qui n'a pas encore dit son mot sur ce point, d'imposer une appréciation plus  réaliste. (…) »
 
 
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CC Jung

Publié dans L'Empire du Bien

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