CPE : l'exaspérante attente
Anti-blocage de roues
La situation concernant le CPE tourne chaque jour un peu plus au grotesque, s’enfonçant dans le ridicule et la farce tragique. Chacun a désormais compris que cette loi promulguée…pour ne pas être appliquée rejoindra le cimetière encombré des réformes ratées. Les choses sont à peu près claires pour tout le monde mais les instigateurs de ce fiasco monumental refusent d’admettre la défaite tant qu’ils n’auront pas peaufiné le communiqué et l’annonce de leur éclatante...réussite afin de conforter leurs partisans. Une situation complètement ubuesque et un orgueil déplacé qui échappent à l’analyse fine du Figaro.
Des incidents de plus en plus nombreux se déroulent à l’entrée des grilles des universités et des écoles occupées, signe d’une exaspération croissante de la population à qui les communicants zélés ont fait innocemment miroiter le bénéfice d’une année blanche et la majesté d’un chantage à la réussite scolaire. Le ministre de l’Education qui fait feu de tout bois pour diaboliser au possible les jeunes manifestants, n’a de cesse de semer les graines de la division en menaçant de conserver les dates initiales d’examens malgré deux mois d’arrêt des cours, tout en exhortant les chefs d’établissements à faire appel aux forces de l’ordre. Il montre ainsi le vrai visage du démocrate qu’il est sous des apparences grisonnantes de sagesse et de courtoisie. L’arrogance qu’il affiche, résume à elle seule la méthode de ce gouvernement aveugle, enfermé dans ses certitudes et son autisme. De sa fonction, celle de ministre de l’éducation, M. De Robien a semble-t-il retenu que le mot éduquer dans le sens du père-Fouettard, façon ré-éducation à l’ancienne des masses déviantes.
Il faut croire que le matraquage permanent de certains discours qui caricaturent le mouvement porte ses fruits amers puisqu’une dépêche nous apprend qu’un individu a délibérément foncé sur un cortège d’étudiants anti-CPE, faisant 10 blessés. Sans doute le même type d’individus qui vous parleront de la dictature de la rue, de la démocratie qui est malmenée par ces blocages intempestifs et du nécessaire retour à l’ordre. Sans doute le type d’individus qui demandent avec insistance aux étudiants de lever le siége et le pied pour débloquer la situation en « oubliant » de freiner pour éviter un cortège d’insouciants gauchistes et anarchistes. Un passage en force, encore un, qui fait des dégâts...
Satisfaire l’ego des piteux réformateurs
Il fait d’ailleurs peut-être partie des nombreux lecteurs de la feuille de choux de Dassault qui rase gratis tous les jeunes chevelus, le Figaro. Le torchon qui ne brûle pas mais salit pas mal, réussit le tour de force de présenter les étudiants anti-CPE comme l’unique source de blocage dans ce conflit qui dure depuis…deux mois. Pour le journal, « les étudiants et les lycéens campent sur leur refus » (Lien). L’article oublie de préciser que cette réforme bombardée au 49-3 sans recul (un terme canonnier qui convient à merveille ici) dont plus personne ne veut, qui ne peut être appliquée en dépit de sa récente promulgation ( ??? !!!), refuse de mourir de sa belle mort…pour satisfaire l’ego des piteux réformateurs.
Les instigateurs de la réforme qui vient même d’être quasiment répudiée par le Medef, c’est dire, se livrent à de savants calculs, à une furieuse bataille sémantique et une lecture attentive de l’étiquette constitutionnelle pour sortir de l’impasse sans admettre leur misérable défaite que ne comprendraient pas « leurs électeurs » comme ils l’indiquent parfois, au détour d’une conversation. Que le pays soit bloqué depuis trop longtemps pour une réforme morte-née importe peu finalement, il faut satisfaire l’orgueil des uns et le vivier électoral des mêmes. Voilà un sens de la responsabilité et du bien public que le Figaro ne mentionne pas, tout occupé à jeter l’opprobre sur une horde d’étudiants intransigeants au possible…Quelle jeunesse !
Liens :
« Le Monde - Dix personnes ont été légèrement blessées après qu'un automobiliste eut foncé vendredi midi sur un groupe de jeunes anti-CPE à hauteur du boulevard Saint-Germain à Paris, selon une source policière. Parmi ces blessés figure l'automobiliste "qui a été pris à partie par les manifestants", selon la même source.
Des étudiants rassemblés devant la Sorbonne avaient décidé de changer de lieu de protestation et étaient en train de traverser le boulevard Saint-Germain lorsqu'un automobiliste au volant d'une Renault-Twingo a foncé sur le groupe, selon un photographe de l'AFP. Pour la source policière, il a "forcé le groupe d'étudiants" de "manière délibérée" en l'état des investigations. »
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CC Jung